Les laboratoires se mobilisent pour fournir un vaccin contre Covid-19
Les laboratoires se mobilisent pour fournir au plus vite des médicaments et vaccins afin d’enrayer l’épidémie de coronavirus. Plusieurs pistes sont prometteuses, mais il faudra attendre au moins plusieurs semaines avant que les premiers traitements ne soient commercialisés.
À l’heure , aucun traitement ni aucun vaccin n’a encore été mis au point contre le virus Covid-19, qui a déjà fait plus de 7 000 morts dans le monde. Mais la recherche s’organise. We Demain fait le point.
Rappelons d’abord que la maladie étant due à un virus, le coronavirus Sars-CoV2, et non une bactérie, les antibiotiques s’avèrent inefficaces (sauf pour prévenir une surinfection).
Dans son point presse du lundi 16 mars, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dénombre plus de 300 essais cliniques en cours (dont plus de 80 en Chine) afin de développer des traitements.
La piste la plus sérieuse semble être un antiviral mis au point par le laboratoire américain Gilead. “Il n’y a pour l’instant qu’un seul médicament dont nous pensons qu’il pourrait avoir une réelle efficacité. Et c’est le remdesivir”, a confirmé Bruce Aylward, un responsable de l’OMS, lors d’une conférence de presse. Initialement développé pour combattre le virus ebola, mais non commercialisé à ce jour, ce médicament a déjà été testé avec succès sur des patients américains par le centre médical de l’université du Nebraska, ainsi que des patients chinois.
L’Inserm a annoncé dans un communiqué de prochains essais cliniques au niveau européen pour le remdesivir, ainsi que pour deux autres thérapies, le lopinavir et une combinaison lopinavir+interféron, sur 3 200 personnes, dont 800 Français.
Les laboratoires Sanofi et Regeneron ont également annoncé ce lundi 16 mars le début d’essais cliniques sur 400 personnes afin d’évaluer l’efficacité du Kevzara, un immunosuppresseur (qui inhibe l’activité du système immunitaire) déjà utilisé pour traiter la polyarthrite rhumatoïde, et qui pourrait aider les patients atteints d’un syndrome de détresse respiratoire aigüe.
L’hydroxychloroquine, un antipaludéen qui exerce une activité anti-inflammatoire et antivirale, est aussi étudié par les chercheurs comme potentiel traitement contre le coronavirus, bien que son efficacité ne fasse pas consensus.
L’infectiologue Didier Raoult, directeur de l’IHU de Marseille, affirme avoir obtenu des résultats concluants suite à un test clinique sur 24 patients (validé par le ministère de la santé) : au bout de six jours, 75 % de ceux qui avaient pris la molécule n’étaient plus porteurs du virus, contre seulement 10 % des personnes qui n’avaient pas bénéficié du traitement. Le ministère de la Santé a annoncé vouloir étendre l’essai clinique dans un autre hôpital, et sur un plus grand nombre de patients. Les personnes hospitalisées à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris peuvent, depuis vendredi et sur leur accord, se voir administrer de l’hydroxychloroquine.
Le plasma des anciens malades infectés peut aussi aider les patients, notamment ceux dans un état grave, à lutter contre le Covid-19. Les autorités sanitaires chinoises appellent depuis mi-février les individus guéris à donner leur sang, en les testant au préalable afin de s’assurer qu’ils ne peuvent transmettre le virus.
Solution de long terme contre la maladie, la création d’un vaccin nécessite un délai de plusieurs mois entre sa conception et sa mise sur le marché. Les travaux en cours en sont pour le moment au stade préclinique.
Aux États-Unis, le premier essai clinique pour tester un vaccin a débuté lundi. Le mRNA-1273 a été développé par des scientifiques des Instituts nationaux de santé américains (NIH) et de l’entreprise de biotechnologies américaine Moderna. Les essais seront menés sur 45 adultes volontaires pendant environ six semaines, ont indiqué les NIH dans un communiqué. Si tout se passe bien, il pourrait être disponible d’ici 12 à 18 mois.
L’Europe est aussi dans la course pour mettre au point un vaccin, la société allemande CureVac ayant annoncé être en mesure de commencer ses premiers tests d’ici les prochains mois. La présidente de la Commission Européenne, Ursula von der Leyen, a confirmé ce mardi le versement d’un soutien financier à hauteur de 80 millions d’euros afin d’accélérer le processus, évoquant une possible commercialisation “avant l’automne”.
En France, les chercheurs de l’Institut Pasteur ont également commencé à élaborer un dérivé de vaccin en s’inspirant d’un vaccin existant, celui contre la rougeole. Les équipes françaises ont identifié « le morceau d’ADN à même de déclencher une réponse immunitaire », explique le virologue Frédéric Tanguy dans L’Express, et pourraient commencer à tester un vaccin cet été.
La branche vaccin du laboratoire français Sanofi collabore également depuis février avec l’autorité américaine de recherche et développement biomédical avancé (BARDA) pour mettre au point un vaccin-candidat préclinique avancé contre le SRAS qui pourrait également protéger contre le Covid-19. Selon David Loew, vice-président exécutif de Sanofi Pasteur, les premiers essais cliniques pourraient débuter “dans environ un an à un an et demi”.
par: Arab Observer