Les Maliens manifestent contre les sanctions

Les Maliens ont répondu massivement vendredi à Bamako et à travers le pays à l’appel de la junte à manifester contre les sanctions ouest-africaines et à faire pièce aux pressions internationales qui ne faiblissent pas.

Des milliers de Maliens parés aux couleurs nationales vert, jaune et rouge se sont massés dans la capitale sur la place de l’Indépendance pour entendre différents orateurs éreinter l’organisation des Etats ouest-africains Cédéao, exalter la souveraineté malienne et faire ovationner l’armée et le projet de « refondation » du pays en crise.

Le gouvernement malien a lancé lundi, au lendemain des mesures de rétorsion « extrêmes » selon lui prises par la Cédéao, un appel « à une mobilisation générale sur toute l’étendue du territoire national ».

Le colonel Assimi Goïta, porté à la tête du Mali par un premier coup d’Etat en août 2020 et intronisé président « de la transition » à la suite d’un second en mai 2021, a exhorté les Maliens à « défendre (leur) patrie ».

Des images diffusées sur les réseaux sociaux ont montré une foule dense marchant et chantant derrière le drapeau national dans les rues de Kadiolo, frontalière de la Côte d’Ivoire. Scène analogue à Bougouni, également dans le sud.

Celles-ci punissent le projet des militaires de continuer à gouverner pendant plusieurs années, et l’engagement révoqué d’organiser en février 2022 des élections qui auraient ramené les civils à la tête du pays.

La fermeture des frontières de la Cédéao, l’embargo sur les échanges commerciaux (hors produits de première nécessité) et sur les transactions financières ainsi que le gel des avoirs maliens dans les banques ouest-africaines, menacent dangereusement l’économie d’un pays parmi les plus pauvres du monde, enclavé et éprouvé par les violences et la pandémie.

Des compagnies ouest-africaines ainsi qu’Air France ont suspendu leurs vols vers Bamako. Le pays risque l’asphyxie faute de liquidités.

Le Mali n’a pas pu réaliser une opération sur le marché financier régional mercredi. Il est « coupé du reste du monde », dit Kako Nubukpo, commissaire pour l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa).

Les sanctions ont suscité un concert de réprobations au Mali. La Cédéao est accusée d’être un club dépassé de dirigeants coupés des populations et l’instrument de l’étranger, dont la France, l’ancien puissance coloniale engagée militairement au Sahel.

Le chef de l’ONU Antonio Guterres a réclamé jeudi du gouvernement malien un calendrier électoral « acceptable », rappelant que la Cédéao pourrait alors lever graduellement les sanctions.

Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a indiqué jeudi que l’UE allait prendre des dispositions « dans la même ligne » que la Cédéao.

La France et les Européens, engagés militairement contre les jihadistes , veulent rester au Mali, mais ne le feront « pas à n’importe quel prix », a dit le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian.

par: Arab Observer

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page