40 manifestants tués et appellent à la démission du gouvernement
Les violences ont repris entre forces de l’ordre et manifestants faisant au moins 40 morts, vendredi, en Irak. Les contestataires accusent le gouvernement de corruption et d’incurie et réclament sa démission.
La contestation a repris de plus bel. Au moins 40 personnes sont mortes vendredi 25 octobre dans de violents heurts entre forces de l’ordre et manifestants en Irak. Les contestataires s’en prennent avec force à la classe dirigeante, accusée de corruption et d’incurie.
Plus de 2 000 personnes ont été blessées alors que la police anti-émeutes a fait usage de grenades lacrymogènes et assourdissantes, a-t-on appris de sources médicales et auprès de la Haute Commission irakienne des droits de l’homme (HCIDH).
À Bagdad, huit manifestants ont été tués, atteints pour cinq d’entre eux par des tirs de grenades lacrymogènes, alors que des milliers de personnes tentaient d’entrer dans la Zone verte, où siègent les autorités irakiennes et où se situe notamment l’ambassade des États-Unis, selon la HCIDH.
Dans le Sud, à Nassiriya, au moins neuf manifestants ont été tués lorsque des membres de la milice chiite Assaïb Ahl al Haq, soutenue par l’Iran, ont ouvert le feu sur un groupe de manifestants qui tentaient d’incendier ses locaux, a-t-on indiqué de sources policières et hospitalières.
Huit personnes ont trouvé la mort à Amara – six manifestants, un membre d’Assaïb Ahl al Haq, et un membre du renseignement irakien. Un manifestant a succombé à Samawa. Des heurts ont également été signalés à Bassorah.
À Diwaniya, douze manifestants ont péri dans l’incendie d’un bâtiment dont ils n’ont pu s’échapper, a-t-on appris auprès de la morgue et de sources policières. L’immeuble, qui abrite le siège local de l’Organisation Badr, un mouvement pro-iranien, aurait été incendié par des contestataires qui ignoraient que d’autres se trouvaient à l’intérieur.
Le mouvement de contestation contre le gouvernement d’Adel Abdoul Mahdi a débuté le 1er octobre à Bagdad avant de s’étendre à plusieurs villes du Sud, entraînant une violente répression policière qui a fait 157 morts et plus de 6 000 blessés, selon un bilan officiel. Selon le porte-parole du ministère de l’Intérieur, au moins 68 membres des services de sécurité ont été blessés.
Adel Abdoul Mahdi, au pouvoir depuis un an, avait présenté un plan en 17 points pour tenter de calmer la colère populaire (aide au logement pour les pauvres, allocations chômage, formations et autres initiatives destinées aux jeunes…) mais ces propositions, pour certaines similaires à celles avancées après la vague de contestation de 2015, n’ont pas suffi, de même qu’un remaniement gouvernemental.
Le chef du gouvernement s’est adressé à la nation jeudi soir, alors que les rassemblements reprenaient place Tahrir à Bagdad, pour mettre en garde contre un chaos institutionnel.
« Ce que nous voulons, c’est la démission de l’ensemble du gouvernement, la dissolution de tous les partis politiques et une vie meilleure. Nous sommes venus ici, pacifiquement, pour ça », déclarait à Reuters Mahmoud al Choummari, 51 ans, sur la place Tahrir.
« Nous voulons quatre choses : du travail, de l’eau, de l’électricité et la sécurité », a renchéri Ali Mohammed, 16 ans.
Le grand ayatollah Ali Sistani, plus haute autorité religieuse chiite d’Irak, a lancé un appel au calme lors de son sermon du vendredi.