Le Royaume-Uni: terre promise pour les migrants ?

C’est la destination de nombreux migrants qui passent par chez nous : Le Royaume-Uni. Une sorte de but ultime à atteindre et l’espoir pour beaucoup d’entre eux d’y obtenir l’asile et d’ainsi commencer une nouvelle vie. Mais une fois arrivé, la réalité est-elle à la hauteur du fantasme ? Les migrants réussissent-ils à obtenir l’asile ? Arrivent-ils véritablement à démarrer leur nouvelle vie ? Bref, le Royaume-Uni est-il véritablement la terre promise ?

Si les demandeurs d’asile bénéficient bien d’une aide matérielle et financière, le gouvernement de Theresa May a aussi pris un certain nombre de mesures qui tentent à compliquer la vie des demandeurs d’asile pendant leur procédure. C’est ce qu’on appelle « la politique de l’environnement hostile » aujourd’hui rebaptisée « la politique de l’environnement conforme ». « Si vous n’avez vos papiers, vous ne pouvez pas aller chez le docteur« , explique Satbir Singh. « Vous ne pouvez pas envoyer vos enfants à l’école, vous ne pouvez pas louer un appartement, vous ne pouvez pas avoir de compte en banque« .

De plus, et c’est un point essentiel de cette politique, les demandeurs d’asile ne peuvent pas travailler. Pourtant c’est souvent une des raisons pour lesquelles les migrants choisissent justement le Royaume-Uni. Il y a une sorte de croyance, là aussi, qu’il est très facile de trouver du travail et ce sans avoir de permis de séjour. Pour Ali, c’est justement l’un des critères qui l’a poussé à venir.

Le taux de chômage est assez bas, c’est vrai. A peine 3.9% pour cette année. Par contre, depuis la mise en place de « la politique de l’environnement hostile », il est devenu beaucoup plus compliqué pour les migrants de travailler illégalement. Les employeurs encourent d’ailleurs des sanctions civiles s’ils embauchent un demandeur d’asile. Plus encore, une loi passée en 2017 permet de poursuivre un employeur qui « sait ou soupçonne raisonnablement » que son employé est en situation illégale. Pourtant, le travail au noir existe bien. Son taux est même estimé à 10%.

A ces croyances vient s’ajouter une sorte d’effet d’entraînement. Bien souvent, les migrants ont de la famille ou des connaissances au Royaume-Uni. Cette personne va, le plus souvent, inciter le migrant à venir au Royaume-Uni en dépeignant un portrait plutôt flatteur du pays et de la prise en charge des demandeurs d’asile par les autorités.

Et après ?

Ayman, lui, est arrivé en Angleterre il y a un peu plus d’un an. En décembre dernier, il a obtenu son permis de séjour. Une carte qui lui permet désormais de rester sur le sol anglais pendant cinq ans. Pour lui, c’est enfin la possibilité de faire des projets. « J’ai mes papiers maintenant », explique-t-il. « Je veux travailler un an pour mettre de l’argent de côté pour moi et pour que ma femme vienne après. Après je vais recommencer mes études et commencer ma nouvelle vie. » Depuis, il habite à Manchester et est à la recherche d’un appartement. Entre-temps, il dort chez des amis. Depuis qu’il a ses papiers, il a déjà décroché un premier travail dans une société de gardiennage.

Ils sont 17.000 comme Ayman à avoir obtenu leur papier en 2019. 17.000 sur un peu plus de 31.000 demandes en 2019. Reste 14.000 demandeurs d’asile qui n’ont pas obtenu de permis de séjour. Pour eux, trois possibilités :

  • Soit rester sur le sol britannique illégalement avec toutes les difficultés que cela comporte
  • Soit être renvoyés de force vers leur pays. Ça a été le cas pour 8637 demandeurs d’asile en 2019
  • Soit être détenus. 24.333 l’ont été en 2019.

La détention, une aberration pour Satbir Singh. « Nous sommes le dernier pays en Europe à pratiquer la « détention indéfinie ». Nous enfermons des personnes dans des centres de détention qui sont exactement comme des prisons et nous ne leur disons pas combien de temps nous allons les garder. »

Le Royaume-Uni destination privilégiée des migrants ?

A en croire, les chiffres de l’agence européenne Eutostat, ce n’est pas le cas. La première destination en Europe reste l’Allemagne avec plus de 161.000 primo demandeurs d’asile en 2018. Viennent ensuite, la France, la Grèce, l’Espagne, l’Italie et seulement après le Royaume-Uni en sixième position avec 37.000 demandes. C’est moins qu’en 2017.

Et chez nous ?

En Belgique, chaque demandeur d’asile va être pris en charge une fois qu’il a introduit sa demande d’asile. Il va être placé dans un centre d’accueil. Il est donc logé, nourri, ses transports en commun sont payés, il a aussi accès à des soins médicaux, psychologiques et à un accompagnement juridique.

En Belgique on a, en fait, opté pour une aide matérielle. Il n’y a donc aucune aide financière. A part un peu d’argent de poche que le migrant recevra chaque semaine. C’est l’équivalent de 7.5 euros par adulte et par semaine. Une somme modeste qui sert principalement pour des extras. Il faut rappeler que cette aide est un droit pas une obligation. Cela veut donc dire que le demandeur d’asile peut la refuser et décider de se débrouiller seul. Il a donc le droit de louer un logement, d’aller chez son médecin, de scolariser ses enfants ; il peut même travailler et ce 4 mois après l’introduction de sa demande d’asile.

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