L’ONU « facilitera » des évacuations de déplacés d’un camp dans le désert syrien
L’ONU a indiqué vendredi qu’elle facilitera l’évacuation de civils vivant dans des conditions « épouvantables » dans un camp de déplacés par la guerre situé dans le désert syrien, près de la frontière avec la Jordanie.
« Nous sommes prêts à faciliter » des évacuations du camp de Rokbane, a déclaré Panos Moumtzis, le coordinateur humanitaire de l’ONU en Syrie.
« Nous voulons nous assurer que ces évacuations se feront sur la base du volontariat », a-t-il affirmé lors d’un entretien avec l’AFP à Beyrouth.
Selon lui, environ 12.700 personnes ayant fui les combats en Syrie vivent dans ce camp isolé dans le désert, à proximité d’une base militaire utilisée par la coalition internationale menée par les Etats-Unis dans sa lutte contre le groupe Etat islamique (EI).
Le régime syrien et son allié russe avaient annoncé en février avoir ouvert des corridors permettant aux déplacés de le quitter pour rejoindre leurs régions d’origine.
Plus de la moitié des déplacés a quitté le camp dans les derniers mois, selon l’ONU.
L’ONU et le Croissant-Rouge syrien ont envoyé une mission dans le camp la semaine dernière afin de déterminer combien de personnes toujours présentes souhaitaient dorénavant partir, a indiqué le coordinateur des Nations unies.
« Un peu plus d’un tiers souhaite quitter » le camp, a précisé M. Moumtzis.
« L’immense majorité veut rejoindre les zones tenues par le gouvernement et d’autres veulent aller dans le Nord », dans des zones échappant encore au contrôle du régime, a-t-il ajouté.
Toutefois, environ 47% des quelque 12.000 personnes du camp préfèrent rester par peur pour leur sécurité si elles rejoignent d’autres zones du pays en guerre ou par « crainte d’être détenues ».
Selon des ONG, des civils revenus dans des zones tenues par le régime syrien ont été arrêtés ou enrôlés de force dans l’armée.
Et ceux qui fuient vers le nord dans des régions tenues par les rebelles risquent d’être confrontés aux violents combats, notamment dans la région d’Idleb, où les bombardements du régime et de son allié russe ont tué plus de 950 personnes depuis fin avril.
– « Situation désespérée » –
Alors que le camp de Rokbane n’a pas reçu d’aides depuis février, l’ONU n’a délivré qu’un « nombre minimal de produits de santé » lors de sa dernière mission la semaine dernière, selon M. Moumtzis.
L’ONU a prévu de livrer d’autres aides lors d’une seconde mission, a-t-il expliqué.
« La prochaine mission, qui je l’espère sera très bientôt, y retournera et délivrera l’aide dont ils ont désespérément besoin », a-t-il ajouté, sans fournir de date précise.
Les conditions de vie dans le camp de Rokbane sont catastrophiques, et beaucoup n’ont qu’un repas par jour, souvent constitué seulement de pain et d’huile d’olive ou yoghourt, d’après un déplacé.
Abou Ahmad al-Dirbass Khalidi, chef d’un conseil civil rebelle dans le camp, a affirmé que l’ONU avait promis de délivrer de l’aide alimentaire pour la première semaine de septembre.
Des bus destinés à l’évacuation seront autorisés à entrer dans le camp après la réception de cette aide, a-t-il indiqué à l’AFP.
Une seconde livraison d’aide médicale et d’autres produits non alimentaires suivra la première évacuation, a ajouté M. Khalidi.
« La situation est désespérée », a déploré M. Moumtzis, décrivant Rokbane comme l’un des lieux les plus difficiles d’accès pour les humanitaires en Syrie.
La Jordanie voisine a largement fermé sa frontière dans la région depuis 2016, après une attaque meurtrière contre des soldats jordaniens revendiquée par l’EI.
Et toute livraison d’aides depuis des zones tenues par le régime dans le camp — situé dans une région où sont également présents des groupes rebelles soutenus par Washington– nécessite l’autorisation de Damas.
Le 6 février, un convoi humanitaire de 133 camions a délivré de la nourriture, des vêtements, des produits d’hygiène et des médicaments aux habitants du camp. Cette livraison était la seconde effectuée en trois mois.
La guerre en Syrie a débuté en 2011 après la répression sanglante de manifestations prodémocratie par le régime. Elle a fait plus de 370.000 morts et poussé hors de leur foyer des millions de personnes.