Boris Johnson : le Royaume-Uni serait « prêt » en cas de Brexit sans accord

Boris Johnson a promis jeudi que le Royaume-Uni serait « prêt » en cas de Brexit sans accord, malgré la publication d’un dossier gouvernemental selon lequel un « no deal » pourrait provoquer des troubles et des pénuries de médicaments et nourriture.
« C’est le pire scénario auquel doivent se préparer les fonctionnaires, mais j’ai massivement accéléré nos préparatifs depuis que je suis Premier ministre », a déclaré le dirigeant conservateur lors d’une visite sur la Tamise.
« Nous essayons d’obtenir un accord » de retrait avec l’UE, « mais si nous devons sortir le 31 octobre sans accord, nous serons prêts: les ports, les fermiers et toutes les industries seront prêts », a-t-il insisté.
Toutefois, le ministre français des Comptes publics, Gérarld Darmanin, s’est dit « un peu inquiet de la façon dont les Britanniques se préparaient » à un « no deal », au contraire de la France qui sera prête selon lui, à l’issue d’un test sur le transit des camions organisé jeudi au terminal ferry de Ouistreham (nord de la France).
L’Irlande prépare de son côté un budget 2020 fondé sur l’hypothèse d’un « no deal », a indiqué son ministre des Finances, Paschal Donohoe, soulignant « l’incertitude et le manque de clarté sur le calendrier et la forme » du Brexit.
Selon un porte-parole britannique, « le Royaume-Uni a présenté des idées dans les domaines des frontières et des biens manufacturés » lors de discussions à Bruxelles mercredi. Elles se poursuivront vendredi.

Comme il y était contraint par un vote du Parlement, le gouvernement a publié mercredi un dossier officiel présentant, selon Downing Street, « le pire scénario » de l’impact économique et social d’un « no deal ».
Ce scénario est envisagé par Boris Johnson, qui s’est engagé à sortir son pays « coûte que coûte » de l’UE le 31 octobre, même si le Parlement a voté avant sa suspension pour cinq semaines mardi une loi l’obligeant à demander à l’UE un report de trois mois pour éviter un « no deal ».
Le document, intitulé « Operation Yellowhammer » (« Opération Bruant Jaune », le nom d’un passereau), prévoit notamment « des protestations et contre-protestations », « un risque de troubles publics et de tensions communautaires ».
« Ces documents confirment les graves risques d’un Brexit sans accord », s’est inquiété Keir Starmer, chargé du Brexit au sein du Parti travailliste, principale formation de l’opposition. « Il est désormais important que le Parlement soit rappelé et ait l’occasion d’examiner ces documents et de prendre toutes les mesures nécessaires pour bloquer un Brexit sans accord », a plaidé M. Starmer.
Boris Johnson a suspendu le Parlement jusqu’au 14 octobre, deux semaines seulement avant la date prévue pour le Brexit. Il a catégoriquement démenti jeui avoir menti à la reine Elizabeth II sur ses motivations, arguant que l’ajournement visait à élaborer un nouveau programme de politique intérieure et non pas à imposer un Brexit sans accord.

Les autorités britanniques prévoient des perturbations à court terme dans 12 domaines-clés, dont l’approvisionnement en eau et nourriture, la santé, les transports et les frontières.
Jusqu’à 85% des poids lourds britanniques pourraient ne pas être en mesure de répondre aux critères des contrôles douaniers français, entraînant une baisse de « 40 à 60% du niveau actuel » du trafic. Ces perturbations pourraient durer trois mois et « avoir un impact sur l’approvisionnement en médicaments et matériel médical », ainsi qu’en produits frais.
Sur la question très sensible de la frontière entre l’Irlande du Nord, province britannique, et l’Irlande, Etat membre de l’UE, le document estime « non viable » le projet de Boris Johnson de la maintenir ouverte en cas de « no deal », « en raison d’importants risques sur les plans économique, juridique et de biosécurité ».

La justice nord-irlandaise a offert un peu de répit jeudi à l’exécutif en rejetant trois demandes visant à empêcher un Brexit sans accord. Ces affaires ne relèvent pas de la justice, a expliqué la Haute Cour de Belfast.
Mais la bataille judiciaire n’est toutefois pas terminée: la Cour suprême à Londres examinera à partir de mardi un recours contre une décision de justice refusant d’annuler la suspension controversée du Parlement.

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