Un incendie dans une usine Seveso à Rouen et Les autorités craignent une pollution de la Seine
Un feu très important a eu lieu jeudi dans une usine Seveso à Rouen. Le sinistre est circonscrit. Les autorités craignent une pollution de la Seine.
Un incendie «hors norme» jeudi dans une usine chimique classée comme particulièrement dangereuse à Rouen (nord-ouest de la France), qui n’a pas fait de victime, était «circonscrit» jeudi mais toujours pas éteint, les autorités évoquant un «risque de pollution de la Seine».
«Le feu est circonscrit, pas éteint», a indiqué à la mi-journée un membre des sapeurs pompiers. «Certains produits ont été évacués du site», a-t-il expliqué au ministre français de l’Intérieur Christophe Castaner arrivé sur place.
Vers 00h30 GMT jeudi, un incendie s’est déclaré dans un entrepôt de l’usine Lubrizol, située à environ 3 km du centre-ville et de la célèbre cathédrale de Rouen, dont l’agglomération compte quelque 500.000 habitants. L’incendie n’a pas fait de victimes.
Les images du sinistre ont été particulièrement impressionnantes, notamment un énorme panache de fumée noire visible à une dizaine de km à la ronde. Selon un correspondant de l’AFP présent sur place, une odeur âcre est perceptible.
Interrogée par téléphone par l’AFP, Marina André, 25 ans, qui travaille dans un bar proche de l’usine, a décrit une «forte odeur» et un nuage de fumée «impressionnant». «Il n’y a pas vraiment d’inquiétude. Les gens sont vigilants. On est très bien informés par les autorités», a-t-elle ajouté.
L’usine, où travaillent environ 400 employés, fabrique et commercialise des additifs qui servent à enrichir les huiles, les carburants ou les peintures industriels. Elle a été classée «Seveso seuil haut» ce qui signale sa dangerosité et implique qu’elle bénéficie d’une surveillance particulière.
Le ministre français de l’Intérieur Christophe Castaner est attendu sur place. La priorité des services de secours est «de protéger les produits dangereux» qui se trouvent encore dans l’usine afin d’«éviter un sur-accident», a déclaré Jean-Yves Lagalle, responsable des pompiers dans la région. «La priorité des priorités c’est les installations intérieures de l’entreprise qui ne sont pas encore touchées», a-t-il ajouté, vers 08h30 GMT. Deux usines, classées «Seveso seuil bas» à proximité de l’usine en feu, ont été évacuées.
«Les sapeurs-pompiers pataugent dans 3 ou 4 cm d’hydrocarbures, ce type de feu ne s’éteint pas qu’avec de l’eau, il faut mettre de l’émulseur, un tapis de mousse», a-t-il dit. «C’est un feu extrêmement dangereux pour la sécurité du personnel», a-t-il ajouté, qualifiant l’incendie d’«hors-norme».
Le préfet de Normandie Pierre-André Durand a en outre évoqué devant la presse un «risque de pollution de la Seine» par «débordement des bassins de rétention». La Seine, un des principaux fleuves français, traverse Paris avant Rouen puis se jette dans la Manche au niveau du port du Havre.
Interrogé sur l’ampleur de l’accident industriel, le préfet a assuré qu’il n’y avait aucune «minoration des risques» par les pouvoirs publics. «S’il avait fallu confiner, nous aurions confiné, s’il avait fallu évacuer, nous aurions évacué», a-t-il dit. Il avait auparavant déclaré que les «premières analyses n’ont pas fait apparaître de toxicité aiguë sur les principales molécules que nous suivons, ce qui est plutôt rassurant».
Un périmètre de 500 mètres autour du site a été évacué, selon le préfet. Les quelques habitants de cette zone industrielle sont invités à rester chez eux et le reste de la population de l’agglomération est fortement incité à limiter ses déplacements. Plusieurs établissements accueillant du public sont fermés, comme les établissements scolaires et les crèches à Rouen et onze communes avoisinantes, selon la préfecture.
En janvier 2013, cette usine Lubrizol avait été à l’origine d’une fuite de gaz malodorant –du mercaptan, composé inoffensif à faible dose utilisé comme marqueur du gaz de ville– qui avait empuanti jusqu’à la région parisienne et au sud de l’Angleterre. En 2014, la société Lubrizol France avait été condamnée à une amende de 4000 euros. Un incident impliquant du mercaptan s’était déjà produit en 1990 mais les vents avaient poussé l’odeur vers les côtes. Plus récemment, en 2015, quelque 2000 litres d’huile minérale se sont déversés dans le réseau d’évacuation des eaux pluviales après un «incident d’exploitation».
L’usine appartient au groupe de chimie américain Lubrizol Corporation, lui-même propriété de Berkshire Hathaway, holding du milliardaire et célèbre investisseur américain Warren Buffett.