Le Congrès a approuvé l’enquête d’une procédure de destitution contre Trump

Aux États-Unis, La Chambre des représentants (le Congrès) a approuvé, jeudi 31 octobre, l’enquête en vue d’une procédure de destitution contre Donald Trump, la propulsant dans une nouvelle phase publique.

La procédure de destitution engagée contre le président des États-Unis est entrée dans une nouvelle phase avec un premier vote au Congrès. La Chambre des représentants, aux mains des démocrates, s’est prononcée jeudi 31 octobre en séance plénière en faveur d’une poursuite de la procédure contre le président Donald Trump.
Pour rappel, la procédure de destitution, prévue par l’article 2 section 4 de la Constitution américaine, permet de juger et de destituer un président (ou également le vice-président, des membres des cabinets ou des juges fédéraux…) qui se serait rendu coupable de « trahison, corruption ou autres crimes et délits majeurs », cette dernière expression n’étant pas définie précisément.
Le texte voté, l’affaire quitte le domaine politique pour revêtir un cadre juridique. Concrètement, en votant la résolution, les membres de la Chambre basse ont donné un cadre formel aux investigations et autorisent l’organisation d’auditions publiques, après cinq semaines d’interrogatoires à huis clos. Les élus pourront eux-mêmes interroger publiquement les témoins.
Grâce à ce texte, « les Américains vont pouvoir entendre en direct comment le président a abusé de ses pouvoirs », a tweeté la chef des démocrates au Congrès, Nancy Pelosi, à l’origine de la procédure.
Le vote du texte est la première occasion de mesurer le soutien à la procédure de destitution dans les rangs démocrates et de voir si certains républicains sont prêts à lâcher le président américain. « L’enjeu de ce vote est de voir combien d’élus républicains de la Chambre voteront pour l’enquête en ‘impeachment’ de Trump, relève Corentin Sellin, professeur agrégé d’histoire au lycée Carnot, sur son compte Twitter. Pour l’instant, aucun ne s’est signalé en ce sens.

Les démocrates accusent le locataire de la Maison Blanche d’avoir abusé de son pouvoir à des fins personnelles. Certains témoins affirment que, depuis des mois, des proches du président, à commencer par son avocat personnel Rudy Giuliani, ont œuvré pour que l’Ukraine ouvre une enquête pour corruption sur Joe Biden et les affaires de son fils Hunter dans le pays. Une manœuvre destinée, selon les opposants à Donald Trump, à salir Joe Biden, bien placé pour affronter le président sortant lors de la présidentielle de 2020.

Les démocrates ont initié la procédure de destitution le 24 septembre, lorsqu’un lanceur d’alerte est sorti de son silence. Celui-ci a préalablement saisi sa hiérarchie après avoir entendu l’appel téléphonique du 25 juillet, entre Donald Trump et le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Lors de l’échange, le président américain demande à son homologue ukrainien d’enquêter sur les Biden.
Parallèlement, une aide militaire destinée à l’Ukraine a été bloquée un peu plus tôt dans le mois. Les démocrates cherchent à savoir si le président s’en est servi comme moyen de pression. Car l’ordre de geler cette aide « a été donné par le président », a affirmé mercredi à la Chambre Catherine Croft, une experte de l’Ukraine au département d’État.
Depuis, les parlementaires de l’opposition ont mené une dizaine d’auditions à huis clos et réclamé de nombreux documents. Le 29 octobre, le lieutenant-colonel Alexander Vindman, ancien combattant en Irak, décoré pour ses faits d’armes, a livré un témoignage à charge contre Donald Trump. D’autres témoignages accablant le chef d’État américain ont suivi.

La meilleure défense, c’est l’attaque. Donald Trump accuse depuis le début de la procédure les démocrates de mener « la plus grande chasse aux sorcières de l’histoire américaine » et d’exercer un « harcèlement présidentiel ». Selon lui, les députés démocrates, obsédés par la procédure d’impeachment, paralysent le pays et Joe Biden est « corrompu », tout comme les médias qui couvrent l’affaire. Le président a, en outre, intimé aux membres de l’administration de ne pas répondre aux convocations du Congrès.
À ce stade de la procédure, « la participation du président et de ses avocats est autorisée », selon la commission du Règlement. La défense de Donald Trump peut ainsi demander de nouveaux témoignages ou des documents, procéder à des contre-interrogatoires et soumettre des objections.
« Si le président refuse de coopérer aux requêtes du Congrès », le texte prévoit que le président de la commission judiciaire Jerry Nadler « a toute discrétion pour imposer les réponses appropriés, y compris en refusant les demandes du président et de ses avocats », précise le document.

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