Emmanuel Macron: l’Otan était en état de mort cérébrale

Emmanuel Macron poursuit son virage pro-russe entamé il y a 6 mois. La relation avec Vladimir Poutine avait pourtant mal débuté.
Une formule choc. Dans The Economist, le président de la République Emmanuel Macron a estimé que l’Otan était en « état de mort cérébrale ». Avant d’ajouter : « On est à un moment d’aggiornamento de ce sujet. L’Otan a été pensé comme ayant un ennemi : le Pacte de Varsovie. En 90 nous n’avons pas du tout réévalué ce projet géopolitique à l’aune de la disparition de l’ennemi initial. L’impensé c’est que l’ennemi reste toujours la Russie. C’est d’ailleurs aussi vrai que quand on intervient en Syrie contre le terrorisme, ce n’est pas l’Otan qui intervient. »
Ces formulations n’ont pu que satisfaire la Russie qui s »inquiètent des velléités de l’organisation nord-atlantique en Europe. La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a ainsi salué sur sa page Facebook « des paroles en or, sincères et qui reflètent l’essentiel. C’est une définition précise de l’état actuel de l’Otan. »

En se ralliant à la position historique de la Russie sur l’Otan, Emmanuel Macron poursuit son virage pro-russe entamé depuis quelques mois.
En mai, il s’était dit favorable au retour de la Russie dans le Conseil de l’Europe, après cinq ans d’absence à la suite de l’annexion de la Crimée. « Le Conseil de l’Europe a besoin de la Russie comme la Russie et les Russes ont besoin du Conseil de l’Europe, ce qui suppose que ses droits d’Etat membre soient respectés mais aussi que la Russie remplisse ses obligations à l’égard de l’institution », affirme Emmanuel Macron.
Mi-août, en amont du G7 de Biarritz, il juge « pertinent » que la Russie puisse « à terme » rejoindre le G7 qui redeviendrait alors le G8. La Russie avait été suspendue en 2014 en raison de l’annexion en Crimée.
Le 19 août, il reçoit Vladimir Poutine au fort de Brégançon.
Fin août, il plaide devant les ambassadeurs pour une normalisation des relations avec la Russie. Il faut « repenser notre lien avec la Russie » car « pousser la Russie loin de l’Europe est une profonde erreur », lance le Président. « Nous sommes en Europe, et si nous ne savons pas à un moment donné faire quelque chose d’utile avec la Russie, nous resterons avec une tension profondément stérile, nous continuerons d’avoir des conflits gelés partout en Europe, à avoir une Europe qui est le théâtre d’une lutte stratégique entre les États-Unis et la Russie, donc à avoir des conséquences de la guerre froide sur notre sol », a poursuivi Emmanuel Macron.Une semaine plus tôt devant la presse, le président de la République, dans une sortie étonnante, avait même relevé que sa politique de rapprochement avec la Russie se heurtait aux oppositions « des Etats profonds de part et d’autre », à Paris comme à Moscou.

La relation d’Emmanuel Macron avec Vladimir Poutine avait pourtant démarré sur de très mauvaises bases. En mai 2017, il accueille le président russe à Versailles. Devant lui, le chef de l’Etat met en cause les médias russes d’Etat Russia Today : « Quand des organes de presse répandent des contre-vérités infamantes, ce ne sont plus des journalistes, ce sont des organes d’influence. Russia Today a été des organes d’influence pendant cette campagne qui ont, à plusieurs reprises, produit des contre-vérités sur ma personne et ma campagne. » Durant la campagne présidentielle, le Kremlin n’avait en effet pas fait mystère de son soutien à deux candidats : François Fillon et Marine Le Pen.
Mais ces 6 derniers mois, les choses ont évolué. Le chef de l’Etat a notamment été marqué par le retrait des Etats-Unis de la Syrie sans aucune consultation avec la France. Et sur l’attitude de la Turquie face aux Kurdes, elle qui est pourtant membre de l’Otan.
Interrogé par les journalistes de The Economist, Emmanuel Macron a précisé sa stratégie sur son voisin de l’Est. Selon lui, la Russie n’a pas d’autre alternative qu’une alliance avec l’UE. « Il (le président russe, NDLR) a développé un projet anti-européen par son conservatisme, mais je ne vois pas comment à long terme son projet peut ne pas être un projet de partenariat avec l’Europe », a-t-il assuré.
Concrètement, Emmanuel Macron se dit prêt à donner des gages à la Russie : « De quelles garanties il a besoin? Est-ce que c’est une garantie de non-avancée de l’UE et de l’OTAN sur tel ou tel terrain? C’est ça. Ça veut dire, quelles sont leurs principales craintes, quelles sont les nôtres, comment on les appréhende ensemble, quels sont les points sur lesquels on peut travailler ensemble, quels sont les points sur lesquels on décide de ne plus s’attaquer si je puis dire. Quels sont les points sur lesquels on décide de concilier. Déjà partager. On a plus de discussions. Et je pense que c’est très fructueux. » Un changement total de stratégie par rapport à mai 2017.

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