Manifestants à proximité du parlement libanais pour empêcher sa convocation

l’atmosphère est tendue mardi autour du Parlement libanais, dans le centre de Beyrouth placé sous haute sécurité, avant l’examen de propositions de lois vigoureusement dénoncées par le mouvement de contestation.

Des centaines de manifestants tentent d’empêcher la tenue de la séance parlementaire, et des accrochages limités les ont opposés aux forces de l’ordre, selon des correspondants sur place.

Des tirs de semonce ont en outre résonné au passage d’un convoi près du Parlement, provoquant la colère des contestataires, d’après des images diffusées par la télévision privée LBC.
« Ce sont des fonctionnaires, comment peuvent-ils se permettre d’ouvrir le feu contre ceux qui les ont élus ? », s’est insurgé un manifestant auprès de la LBC, présumant qu’un député se trouvait dans ce convoi. Un autre protestataire en colère a brandi une cartouche.

Plus tôt, les policiers, équipés de casques et de boucliers, ont repoussé des manifestants, qui ont essayé à plusieurs reprises d’arracher les fils barbelés et les barrières en fer bloquant rues et avenues menant à la place de l’Etoile, où se trouve le Parlement, selon les correspondants sur place.
« Révolution, révolution » ont scandé les contestataires, le poing levé, brandissant des drapeaux libanais.
Certaines tapaient sur des casseroles, tandis qu’une jeune femme assise sur le sol, drapeau libanais sur les épaules, scandait au mégaphone « ce Parlement est à nous », accompagnée par les applaudissements des contestataires autour d’elle reprenant les slogans.

Le Liban, qui se trouve dans une situation économique et financière très délicate, est secoué depuis le 17 octobre par un soulèvement inédit réclamant le départ d’une classe dirigeante jugée corrompue et incompétente.
Aucune solution politique n’est en vue.
Sous la pression de la rue, le Premier ministre Saad Hariri a démissionné le 29 octobre mais les consultations parlementaires indispensables pour former un nouveau gouvernement n’ont toujours pas été lancées.

Un ancien ministre Mohammad Safadi, pressenti pour devenir Premier ministre, a renoncé face à l’hostilité de ce mouvement de contestation inédit qui touche l’ensemble du pays et a mobilisé des centaines de milliers de Libanais de tous bords.
« Si, au sein de l’Etat, il n’y a personne qui leur (les manifestants) convient, qu’ils émigrent », a lancé mardi dernier le président Michel Aoun, attisant la colère de la rue.

La séance parlementaire, prévue à la mi-journée, a déjà été reportée d’une semaine sous la pression des contestataires. Les députés doivent examiner plusieurs propositions de loi controversées, notamment une loi d’amnistie générale qui engloberait des milliers de personnes.
« On veut empêcher les députés d’accéder au Parlement », a expliqué  Leïla, une manifestante. « On ne veut pas une amnistie, on veut d’abord qu’ils forment un gouvernement ».
Les manifestants assurent que la loi d’amnistie pourrait exonérer des personnes condamnées ou soupçonnées d’implication dans des affaires d’évasion fiscale ou encore de crimes environnementaux, dans un pays confronté au fléau de la corruption.
Techniquement, cela serait possible car l’amnistie concerne tous les crimes sauf ceux qui sont nommément exclus, assure l’ONG spécialisée dans les questions juridiques Legal Agenda.
Elle estime que la loi représente « un grand danger » car incluant, selon elle, « les crimes des corrompus au pouvoir ».
La séance parlementaire doit également examiner une proposition de loi concernant la création d’un tribunal spécialisé dans les crimes financiers ou liés à la gestion des fonds publics.
Le texte prévoit que les juges soient nommés par le Parlement, ce qui met en question leur indépendance et porte atteinte à la séparation des pouvoirs, signale encore Legal Agenda.
La séance doit se dérouler à huis clos, et certains partis ont déjà annoncé qu’ils n’allaient pas y participer, à l’instar du parti Kataëb, des Forces libanaises ou encore du Mouvement du Futur de M. Hariri, le Premier ministre sortant.

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