La première démocratie israélienne expulse un employé de Human Rights Watch

Israël est sur le point d’expulser de son territoire un chercheur de Human Rights Watch, Omar Shakir, responsable de la défense des droits humains en Israël et dans les territoires palestiniens.

Omar Shakir, un citoyen américain, a épuisé tous ses recours pour annuler son expulsion, prévue lundi, justifiée selon Israël par une nouvelle loi interdisant l’accès au pays à des étrangers accusés de soutenir la campagne de boycott de l’Etat hébreu.
« Ce qu’Israël entend faire en m’expulsant est exactement ce que la Syrie, l’Egypte et Bahraïn, ont fait avec moi auparavant », regrette Omar Shakir, citant aussi le Venezuela, la Corée du Nord et Cuba parmi d’autres ayant expulsé un membre de Human Rights Watch (HRW).
« Je ne me souviens pas d’une autre démocratie ayant bloqué l’accès à un chercheur de Human Rights Watch », a déploré le directeur de l’ONG, Kenneth Roth. « Cela démontre le caractère de plus en plus restreint de la démocratie israélienne », selon lui.
Des personnes se sont déjà vu refuser l’entrée sur le territoire israélien depuis l’entrée en vigueur de le nouvelle loi. Mais Omar Shakir est le premier à être expulsé d’Israël en vertu de cette mesure en vigueur depuis 2017, selon le ministère israélien des Affaires stratégiques.

Fin 2018, le gouvernement israélien avait mis fin au permis de séjour d’Omar Shakir, disant agir sur la foi d’informations selon lesquelles il soutiendrait la campagne BDS (boycott, désinvestissement, sanctions) contre Israël, ce que l’intéressé nie.
La Cour suprême israélienne a donné son feu vert à l’expulsion d’Omar Shakir au début du mois. « Tous ceux qui agissent contre Israël doivent savoir que nous ne leur permettrons pas de vivre, ni de travailler ici », avait alors déclaré le ministre israélien de l’Intérieur, Arié Dery, citant Omar Shakir comme « l’un des dirigeants du mouvement BDS ».
Bête noire des autorités israéliennes, le BDS est une campagne mondiale de boycott économique, culturel ou scientifique d’Israël destinée à obtenir la fin de l’occupation et de la colonisation des Territoires palestiniens. « Ni Human Rights Watch, ni moi-même en tant que son représentant n’avons jamais appelé au boycott d’Israël », s’est défendu Omar Shakir, qui a pris ses fonctions en 2017.
« Nous avons appelé les entreprises, comme nous appelons les gouvernements, à s’abstenir de contribuer à des violations de droits » en opérant dans les colonies israéliennes en Cisjordanie occupée –jugées illégales par l’ONU– à cesser de le faire, a-t-il poursuivi.
Après son expulsion, Omar Shakir continuera à s’occuper d’Israël et des Territoires palestiniens mais depuis l’étranger, a indiqué HRW.

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