Rapport d’enquête pour déstituer Trump trouve des preuves accablantes

Un échange téléphonique entre Donald Trump et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, passé pratiquement inaperçu en plein été, s’est mué en scandale et enquête qui menace le président américain d’une procédure de destitution: retour sur les dates de l’affaire ukrainienne.

L’avocat personnel de Donald Trump, Rudy Giuliani, évoque avec un responsable ukrainien des accusations de corruption jamais étayées contre Joe Biden, l’ancien vice-président démocrate et adversaire politique du milliardaire républicain, ainsi que son fils Hunter Biden, qui siège au conseil d’administration du groupe gazier ukrainien Burisma.

Au printemps, M. Trump charge M. Giuliani de convaincre le nouveau président ukrainien Volodymyr Zelensky d’annoncer l’ouverture d’enquêtes, notamment contre Burisma, dans le cadre d’une opération anti-corruption.

L’ambassadeur américain auprès de l’Union européenne Gordon Sondland annonce à des responsables ukrainiens en visite à Washington que Donald Trump recevra M. Zelensky à la Maison Blanche si Kiev annonce publiquement une enquête sur les Biden.
Deux participants à la discussion signalent à leur hiérarchie cette proposition « inappropriée ».

Quelques jours après avoir gelé 400 millions de dollars d’aide militaire à l’Ukraine, Donald Trump s’entretient par téléphone avec M. Zelensky.
M. Trump demande une « faveur » à son homologue: qu’il se « penche » sur les Biden et les soupçons de corruption contre Burisma.
Un membre du Conseil de sécurité nationale, qui assiste à la conversation, signale un échange « inapproprié » aux services juridiques de l’instance.
Le compte-rendu de l’échange est transféré sur un serveur sécurisé, contrairement à l’usage.

Un membre des services de renseignement envoie à l’inspecteur général de ces services, Michael Atkinson, un signalement centré sur l’Ukraine et l’appel entre les deux présidents.
Celui-ci est bloqué par le directeur du renseignement américain, Joseph Maguire, après avoir consulté la Maison Blanche et le ministère de la Justice.
M. Atkinson décide alors d’informer directement le Congrès de l’existence du lanceur d’alerte.

La presse révèle le gel de l’aide militaire à l’Ukraine et des diplomates s’inquiètent d’une pression exercée par la Maison Blanche sur Kiev.
Mais pour les républicains, il n’y a pas de « donnant-donnant » puisque les Ukrainiens ignoraient le gel de l’aide. Mais selon une responsable du ministère américain de la Défense, l’ambassade ukrainienne à Washington s’était pourtant inquiétée d’une suspension de l’aide dès le 25 juillet.

L’administration Trump libère l’aide militaire au lendemain de la demande d’Adam Schiff, patron démocrate de la commission du Renseignement à la Chambre des représentants, que M. Maguire lui transmette le signalement du lanceur d’alerte.

Après la révélation de l’existence du lanceur d’alerte, la présidente démocrate de la Chambre, Nancy Pelosi, annonce l’ouverture d’une enquête en vue d’une procédure de destitution du président. Adam Schiff est chargé de diriger la commission d’enquête.
M. Trump dénonce une « chasse aux sorcières ».

Le contenu de la conversation Trump/Zelensky est rendu public par la Maison Blanche. A New York, les deux chefs d’Etat assurent qu’il n’y a eu aucune « pression ».
Le lendemain, Adam Schiff publie la lettre du lanceur d’alerte qui accuse Donald Trump d’avoir « sollicité l’ingérence » de l’Ukraine dans la campagne pour sa réélection en 2020.

Après avoir entendu en octobre une dizaine de témoins à huis clos, la commission d’enquête débute les auditions publiques.
Gordon Sondland, affirmant avoir suivi les « ordres » de Donald Trump, confirme l’existence d’un « donnant-donnant »: une invitation du président Zelensky à la Maison Blanche contre l’annonce d’ouverture d‘enquêtes par l’Ukraine.
Il assure en revanche que le président Trump ne lui a « jamais dit directement que l’aide » militaire faisait partie du marché, admettant avoir fait sa « propre déduction » en liant les deux affaires.

Le rapport d’enquête affirme que la commission a rassemblé des « preuves accablantes » d’une « conduite inappropriée » de Donald Trump: celui-ci aurait « conditionné une invitation à la Maison Blanche et une aide militaire à l’Ukraine à l’annonce d’enquêtes favorables à sa campagne » et il aurait « entravé » les investigations des élus en interdisant à des membres de l’administration de collaborer.

Le rapport est transmis à la commission judiciaire de la Chambre, chargée de déterminer si les faits reprochés justifient une mise en accusation (« impeachment ») du président. Quatre juristes doivent être entendus en séance publique.

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