Chypre renvoie son différend avec la Turquie devant la Cour internationale de Justice
Chypre a saisi la Cour internationale de justice (CIJ) dans son différend qui l’oppose à la Turquie voisine sur les ressources énergétiques au large de l’île méditerranéenne, a annoncé jeudi le président chypriote Nicos Anastasiades.
« Nous avons dit que nous utiliserions tous les outils légitimes et légaux (…) pour défendre les droits souverains de la République de Chypre, et la demande adressée à La Haye répond à cet objectif », a-t-il déclaré en référence à la CIJ, plus haute juridiction de l’ONU basée à La Haye.
La découverte de réserves de gaz et de pétrole ces dernières années au large de l’île a déclenché une dispute entre la République de Chypre et la Turquie dont l’armée occupe le tiers nord de ce pays, membre de l’Union européenne. Chypre a notamment annoncé il y a un mois avoir signé son premier accord d’exploitation de gaz avec un consortium regroupant les sociétés anglo-néerlandaise Shell, l’américaine Noble et l’israélienne Delek. Mais Ankara, qui ne reconnaît pas le gouvernement chypriote, lui conteste le droit de mener toute exploration et exploitation des ressources énergétiques, sans la conclusion au préalable d’un accord de paix pour mettre fin à la division de l’île. Et ces derniers mois, la Turquie a envoyé des navires de forage dans la Zone économique exclusive (ZEE) de Chypre malgré des avertissements de Washington et de l’UE, qui a adopté en juillet une série de mesures politiques et financières visant à sanctionner la poursuite de ces forages.
Chypre est divisée en deux depuis l’invasion en 1974 de sa partie nord par la Turquie, en réaction à un coup d’Etat de Chypriotes-grecs souhaitant unifier l’île à la Grèce, ce qui inquiétait la minorité chypriote-turque. Les discussions formelles sur une réunification de l’île sont au point mort depuis 2017.
Le président Anastasiades a indiqué jeudi que Nicosie avait tenté, via l’ambassade de Turquie à Athènes, de remettre une notification à Ankara sur ses intentions de saisir la CIJ, mais qu’elle avait été refusée. « Elle a donc été envoyée par d’autres moyens, il y a une preuve qu’elle a été reçue, et cela nous donne le droit faire appel » à la CIJ.