L’armée syrienne reprend le contrôle de 29 villes et villages à Idleb
Les forces du régime ont progressé à Idleb, province du nord-ouest de la Syrie majoritairement aux mains des terroristes, après plusieurs jours de combats meurtriers et de bombardements dans lesquels neuf civils ont péri dimanche, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
Cette progression et l’intensification des frappes aériennes a entraîné le déplacement de dizaines de milliers de civils, dont neuf ont été tués dimanche dans des raids de Moscou, allié de Damas, alors qu’ils tentaient de fuir les violences, selon l’OSDH.
Depuis jeudi soir, des affrontements meurtriers aux alentours de la ville de Maaret al-Noomane, située dans le sud d’Idleb, ont fait 187 morts dans les deux camps, dont 77 membres des forces prorégime et 110 terroristes et rebelles, selon l’OSDH.
Les forces loyalistes ont pris le contrôle de 29 villes et villages dans le secteur, a indiqué l’ONG, et elles se rapprochent progressivement de cette ville-clé de la région d‘Idleb, qui échappe encore en grande partie au contrôle de Damas.
« Cette avancée est une tentative de se rapprocher de Maaret al-Noomane », a affirmé le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane.
Des habitants de la ville continuaient de la déserter dimanche, par crainte d’une nouvelle avancée des forces du régime, a indiqué un correspondant sur place. Selon l’OSDH, plus de 30.000 personnes ont fui la zone de combats au cours des derniers jours.
Certains, dont Abou Akram, n’ont pas pu suivre la vague, faute de moyen de transport. Selon ce père de cinq enfants, les groupes de secours locaux ont du mal à évacuer toutes les familles.
« Tout le monde travaille à pleine capacité, mais ils ne peuvent pas gérer un si grand nombre de personnes », explique-t-il après avoir échoué à trouver un véhicule pour le conduire plus au nord avec sa famille.
La région d’Idleb, composée d’une grande partie de la province éponyme et de segments des provinces voisines d’Alep et de Lattaquié, est dominée par les terroristes du groupe Hayat Tahrir al-Cham (HTS).
D’autres groupuscules terroristes et rebelles sont présents dans la région qui abrite par ailleurs quelque trois millions de personnes, dont la moitié ont été déplacées depuis d’autres parties du pays reconquises par Damas.
Le régime syrien, qui contrôle désormais plus de 70% du territoire, a maintes fois réitéré sa détermination à reconquérir l’ensemble du territoire, notamment la région d’Idleb.
En octobre, le président syrien Bachar al-Assad avait effectué sa première visite dans la région depuis le début de la guerre en 2011, affirmant que la bataille d’Idleb était la clé pour y mettre fin.
L’armée syrienne, soutenue par l’aviation russe, a mené une offensive d’envergure entre fin avril et fin août dans la région, tuant un millier de civils selon l’OSDH et déplaçant 400.000 personnes d’après l’ONU.
Les bombardements et combats au sol se sont poursuivis au cours des quatre derniers mois en dépit d’un cessez-le-feu annoncé fin août. Plus de 290 civils et plusieurs centaines de combattants ont péri depuis cette date.
Les raids et combats au sol se sont intensifiés depuis le 16 décembre, poussant des dizaines de milliers de civils à fuir et faisant craindre une nouvelle catastrophe humanitaire, selon les Nations Unies.
Cette semaine, le bilan s’est particulièrement alourdi, avec plus de 40 civils tués en quelques jours.
L’ONU a appelé mercredi à une « désescalade immédiate », mettant en garde contre de nouveaux déplacements massifs si les violences persistent.
« Aucun endroit n’est sûr. Si nous restons à l’intérieur de nos maisons, ou si nous fuyons, nous allons de toute manière mourir », déplore Abou Akram, défaitiste.
Faisant craindre le pire pour la situation humanitaire déjà précaire, la Russie et la Chine ont mis vendredi leur veto à un projet de résolution prolongeant d’un an l’aide humanitaire transfrontalière de l’ONU à quatre millions de Syriens, notamment à Idleb.
Le conflit en Syrie, déclenché par la répression de manifestations prodémocratie par le régime de Damas, a fait plus de 370.000 morts et des millions de déplacés.