Irak: Des blessés lors des affrontements entre les manifestants et les forces de l’ordre
Plusieurs dizaines de manifestants ont été blessés dans des affrontements avec les forces de l’ordre, lundi en Irak, où la contestation a repris après une accalmie de plusieurs semaines, a-t-on appris de sources médicales et policières.
Ce mouvement de contestation inédit en Irak avait été éclipsé ces dernières semaines par la flambée des tensions entre l’Iran et les États-Unis, les deux principaux parrains de Bagdad.
Face au risque de voir leur pays devenir le théâtre principal de l’affrontement entre Téhéran et Washington, les manifestants avaient accordé un délai d’une semaine au gouvernement pour faire avancer leurs revendications. La semaine s’est écoulée et les Irakiens sont restés insatisfaits.
« Nous commençons l’escalade » criaient les manifestants, enivrés de colère face à l’inertie du gouvernement. Ce dimanche soir, quelques heures avant la fin de l’ultimatum donné aux autorités, des centaines d’Irakiens avaient déjà repris les rues de Bagdad, rapporte un correspondante à Bagdad , Comme dans le sud du pays, ces protestataires ont pris d’assaut les principaux axes routiers et les ponts pour paralyser la ville et faire pression sur le gouvernement.
Depuis plus de trois mois, les manifestants réclament des élections anticipées sur la base d’une loi électorale réformée et un nouveau Premier ministre pour remplacer l’actuel chef du gouvernement démissionnaire Adel Abdel Mahdi. Ils demandent aussi la fin de la corruption, qui a englouti en 16 ans deux fois le PIB de l’Irak, et du système politique de répartition des postes en fonction des ethnies et des confessions.
Le Premier ministre Abdel Abdel Mahdi a démissionné il y a près de deux mois, mais les partis politiques n’ont jusqu’à présent pas réussi à s’entendre sur un successeur et celui-ci continue à diriger le gouvernement.
Les manifestants ont publiquement rejeté les noms de possibles remplaçants et sont furieux que d’autres réformes de grande envergure n’aient pas été mises en œuvre.
Des rassemblements ont aussi eu lieu dans les villes de Diwaniya, Kout, Amara, dans le sud du pays, où la plupart des bureaux gouvernementaux, des écoles et des universités sont fermés depuis des mois. Dans la ville sainte de Najaf, au sud de Bagdad, des jeunes arborant des drapeaux irakiens ont brûlé des pneus et entamé un sit-in sur une route principale menant à la capitale. Plus au sud, à Bassora, les étudiants ont participé à un mouvement de grève.
Depuis octobre, la contestation a été émaillée par des violences et réprimée par les forces de l’ordre. Il y a eu environ 460 morts ,quasiment tous des manifestants , et plus de 25 000 blessés.
Si les violences et le nombre de blessés ont légèrement diminué lors des manifestations, les militants disent être confrontés à une vaste campagne d’intimidation, d’assassinats et d’enlèvements.