La souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental en échange d’une normalisation avec Israel
Des médias américains et israéliens ont rapporté que le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, œuvrait à obtenir de l’administration Trump un appui pour la normalisation entre le Maroc et Israël, dans le cadre du soutien américain à la souveraineté du royaume sur le Sahara occidental.
Depuis lundi, des médias américains et israéliens rapportent que le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, ferait un appel du pied à l’administration américaine. Il souhaiterait que celle-ci incluse la normalisation entre Rabat et Tel Aviv à son appui à la souveraineté marocaine sur le Sahara.
Ainsi, Times of Israel indique que la treizième chaîne hébraïque a annoncé des manœuvres de Netanyahu pour conclure un accord tripartite, où les Etats-Unis reconnaîtraient la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, en échange du rétablissement des relations diplomatiques officielles entre Israël et le Maroc.
Selon la même source, le Premier ministre israélien cherche depuis 2019 déjà à obtenir cet engagement de Washington, mais sa proposition a suscité une forte opposition de l’ancien conseiller américain à la Sécurité nationale, John Bolton. Avec le départ de ce dernier, en septembre de la même année, Netanyahu est revenu à la charge auprès du secrétaire d’Etat Mike Pompeo, mais la Maison Blanche n’a pas accepté l’accord.
Ces manœuvres interviennent alors que Netanyahu n’a pas réussi à constituer un gouvernement après les élections d’avril et de septembre 2019. Elles illustrent ainsi l’une de ses tentatives de jouer la carte de la normalisation avec les Etats arabes, afin de persuader les Israéliens déçus du Likoud et de reconquérir sa popularité auprès d’eux.
La concurrence électoraliste est en effet rude entre la formation conservatrice et l’alliance Bleu et Blanc, dirigée par Benny Gantz, au moment où Netanyahu s’engage à obtenir «des accords de paix historiques» avec des Etats arabes.
Auprès de la chaîne hébraïque, un responsable israélien déclare par ailleurs que les Marocains ont été insatisfaits de l’écart entre les promesses et les actions de Netanyahu, sur fond de relations informelles avec Rabat et qui serviraient les objectifs politiques personnels du premier ministre israélien.
L’accord, selon la même source, permettrait à Trump de «montrer l’existence de relations avancées entre Israël et un pays arabe», permettant à «Netanyahu de se rendre au Maroc et de tenir une réunion de haut niveau avec le roi Mohammed VI».
La proposition israélienne a été transmise à la Maison Blanche via le conseiller israélien à la sécurité nationale, Meir Bin Shabat. Proche du gendre et conseiller principal de Trump, Jared Kushner, Meir Bin Shabat a développé ses relations avec des assistants du ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, selon la chaîne israélienne.
Pour sa part, le média américain Axios, qui a révélé ces récentes manœuvres, note qu’à travers les relations tissées par Meir Bin Shabat, le ministre marocain des Affaires étrangères avait discrètement rencontré le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies en septembre 2018.
En décembre 2019, la douzième chaîne hébraïque a rapporté que Netanyahu espérait rejoindre Pompeo, lors d’une visite au Maroc, mais que le pays s’y était opposé.
Officiellement, le Maroc n’entretient pas de liens diplomatiques avec Israël, ces liens ayant été formellement établis en 1993, après la signature de l’accord d’Oslo avec l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). Dans le temps, la démarche a donné lieu à l’ouverture de bureaux de liaison à Tel Aviv et Rabat. Mais au lendemain de la deuxième Intifada en 2000, le Maroc a annoncé la rupture de ces rapports.
De manière formelle, Israël entretient des relations diplomatiques régulières avec deux pays arabes, l’Egypte et la Jordanie. Avec l’appui des Etats-Unis, Netanyahu s’est également rapproché de l’Arabie saoudite, des Emirats arabes unis, de Bahreïn et du Sultanat d’Oman. Sa plus récente manœuvre de normalisation a été annoncée hier, à travers une réunion avec haut fonctionnaire soudanais en Ouganda.