France averti le régime turc et place ses interventions en Libye à la table de l’OTAN
La ministre des Armées, Florence Parly, compte sur ce sommet pour adresser un avertissement au régime turc pour son comportement « incompatible avec l’esprit de l’Otan ».
Un sommet des ministres de la défense de l’Alliance Atlantique se termine vendredi par visioconférence et Paris entend bien se servir de cette réunion pour adresser un sévère avertissement au régime turc pour son comportement « incompatible avec l’esprit de l’Otan ». La ministre des Armées, Florence Parly, fait allusion en priorité à l’affaire de la frégate française Courbet, qui fait partie du dispositif de surveillance de l’embargo sur les armes contre la Libye que viole la Turquie.
Le 10 juin, l’équipage de ce bâtiment français a reçu l’ordre du commandement maritime de l’Otan de questionner un navire turc, suspecté de trafic d’armes au profit du gouvernement de Tripoli, sur son chargement et sa destination. Mais une frégate turque est venue s’interposer en « illuminant par trois fois les conduites de tir radar » du bateau français, ce qui équivaut à des tirs de semonce.
Les marins turcs étaient également en position et en tenue de combat face aux Français. Il se trouve que la marine turque, lorsqu’elle protège ces bateaux suspectés de faire du trafic d’armes au profit du gouvernement d’unité nationale libyen (GNA), utilise des fréquences radio de l’Otan. Pour Florence Parly, qui en a parlé lundi avec le secrétaire général de l’Alliance, ce comportement est « inacceptable ». Elle exige que l’Otan mène une réflexion nécessaire qui puisse prévenir à l’avenir ce genre de « dérives ».
La France n’entend pas l’argument du régime turc selon lequel ne pas aider le GNA en Libye revient à « faire le lit » de la Russie qui entretient des forces aériennes et des mercenaires aux côtés du général Haftar pour reprendre la direction du pays. Au ministère des Armées, on estime que c’est au contraire « le manque de solidarité entre Alliés qui fait le lit de la Russie ».
Paris, ainsi que ses partenaires européens au sein de l’OTAN, reproche également à la Turquie de bloquer toutes les planifications de posture de défense du flanc sud de l’Alliance tant que l’organisation n’aura pas qualifié les forces kurdes du PYD syrien et du PKK d’organisations terroristes. Les forces turques combattent les Kurdes en Turquie, en Syrie mais aussi en Irak, comme le montre les récents bombardements aériens et la nouvelle incursion terrestre turque déclenchés ces dernières heures dans le nord irakien.
L’Union européenne conteste enfin au régime turc sa politique de « fait accompli » en Méditerranée orientale consistant à forer dans des zones gazières et pétrolifères limitrophes ou dans les eaux territoriales de Chypre et de la Grèce. L’ensemble de ces griefs devait faire de la réunion de l’OTAN, qui a commencé jeudi,un moment « tonique », selon l’expression de l’un des négociateurs.
par: Arab Observer