Tunisie: La formation du gouvernement Mechichi
Le chef de gouvernement désigné Hichem Mechichi a dévoilé lundi soir la composition de son gouvernement de « compétences », malgré l’opposition de certains partis politiques, dont Ennahdha, majoritaire à l’Assemblée des Représentants du peuple (ARP/Parlement).
Dans un point de presse, le chef du gouvernement a indiqué que 25 ministres et 3 secrétaires d’Etat vont désormais piloter les projets et programmes économico-sociaux du pays. Parmi ces ministres, on retrouve des personnalités très connu dans le milieu des affaires. Il s’agit d’Ali Kooli, patron de banque qui dirigera désormais le ministère de l’Economie, des Finances et de l’Investissement. De Ibrahim Bartagi , qui occupe le poste de ministre de la défense et de Othman Jerandi, un diplomate de carrière ayant déjà occupé ce poste en 2013 avant d’être conseiller diplomatique du président tunisien Kais Saied.
Le premier ministre estime que face aux multiples défis économiques dans un contexte de crise sanitaire du coronavirus, l’heure est à la mobilisation des compétences. Une synergie d’ensemble, souligne-t-il, doit être constituée pour sortir la Tunisie de la crise et aller dans d’autres projections. Selon plusieurs observateurs, ce gouvernement technocratique est une réponse aux politiciens.
Toutefois, cette option a suscité des avis mitigés au sein de la classe politique. Ennahdha, le plus grand parti représenté au Parlement (54 sièges), a exprimé son opposition à la formation d’un gouvernement de compétences étant donné que cela « dénature la démocratie, les résultats des élections et la volonté des électeurs ».
Dans des déclarations à la presse, le président du mouvement « Ennahdha » Rached Ghannouchi a ajouté que « tous les partis et les ministères disposent de compétences techniques qui doivent servir la politique », estimant que « le pouvoir n’est pas un travail technique mais c’est plutôt la capacité d’avoir une vision, un projet et un discours mobilisateur « .
De son côté, l’Union populaire républicaine (UPR) a exprimé son rejet à la formation d’un gouvernement de compétences « qui va à l’encontre de l’esprit de la Constitution, du système politique en vigueur et des fondements de la démocratie ».
Le président du groupe parlementaire de la coalition « al-Karama », Seifeddine Makhlouf a, quant à lui, indiqué qu’aucune position officielle n’a été prise jusqu’à maintenant au sujet de la formation du gouvernement Mechichi.
Pour le dirigeant et député du mouvement « Echaab », Khaled Krichi, le parti a décidé en principe d’accorder la confiance au gouvernement de Hichem Mechichi malgré ses réserves sur le déroulement des concertations.
Krichi a précisé que le bureau politique du parti a été chargé de suivre les détails sur le programme du futur gouvernement après avoir connu sa composition qui, selon lui, « répond aux critères de la compétence et de l’indépendance ».
Pour sa part, le conseil national du parti Courant démocrate (Attayar) a décidé de ne pas voter la confiance au gouvernement de Hichem Mechichi.
par: Arab Observer