L’avocate Ebru Timtik décède dans les centres de détention du régime turc
Après 238 jours de grève de la faim, l’avocate turque Ebru Timtik est décédée jeudi 27 août dans un hôpital d’Istanbul, a annoncé son cabinet sur Twitter.
Ebru Timtik avait été condamnée en 2019 à plus de 13 ans de prison pour «appartenance à une organisation terroriste». Elle faisait grève, aux côtés de son confrère Aytac Ünsal, pour demander un procès «juste». Les deux avocats avaient déclaré qu’ils «persisteraient dans leur grève de la faim même si elle devait entraîner leur mort».
Avec Aytac Unsal, son confrère également en grève de la faim en prison, Ebru Timtik était membre de l’Association des avocats contemporains, spécialisée dans la défense de cas politiquement sensibles.
Le mois dernier, un tribunal d’Istanbul avait refusé de libérer Ebru Timtik, en dépit d’un rapport médical indiquant que son état de santé ne lui permettait plus de rester en prison.
Une demande similaire avait aussi été déposée en août auprès de la Cour constitutionnelle, sans succès.
Au lieu d’une libération, Mme Timtik et M. Unsal avaient été transférés dans deux hôpitaux différents en juillet.
Ebru Timtik, qui ne consommait plus que de l’eau sucrée, des infusions et des vitamines au cours de sa grève de la faim, pesait 30 kg au moment de son décès, selon ses proches.
Début août, Özkan Yücel, président du barreau d’Izmir, s’était alarmé de l’état de santé des deux avocats auprès de RFI : « Ils sont hospitalisés contre leur gré dans des conditions encore plus strictes que celles de la prison, dans une pièce sans aération appelée « cellule des condamnés ». Ebru et Aytaç sont en train de mourir. Si rien n’est fait maintenant, les séquelles seront irréversibles. Leur vie est en jeu. »
À l’annonce de la mort d’Ebru Timtik, de nombreux avocats français ont exprimé leur soutien à la défunte. «Qu’elle repose en paix après ce calvaire», a écrit Me Caroline Mecary. «En Turquie, on tue les avocats en prison», a quant à lui réagi Me Martin Pradel. «La vérité est qu’un avocat ne doit pas être confondu avec la cause de son client, qu’il a le droit de défendre qui il veut sans que cela lui soit reproché. La Turquie ne veut pas le comprendre», a publié de son côté Me David Lévy.
Les organisations de défense des droits de l’homme et les associations du barreau ont appelé le régime turc à libérer deux avocats turcs, en grève de la faim dans les prisons turques, depuis février, affirmant qu’ils se trouvaient désormais dans une situation critique.
par: Arab Observer