Un conflit au sein du mouvement Ennahdha en Tunisie
Pour sa première apparition médiatique après son départ du ministère de la Santé, le dirigeant au sein du mouvement Ennahdha, Abdelatif Mekki a sévèrement critiqué la volonté du président du parti, Rached Ghannouchi de prolonger son mandat. Qualifiant toute tentative dans ce sens d’ « atteinte aux valeurs fondamentales d’Ennahdha ».
Tout en excluant une révision du règlement interne d’Ennahdha, Abdelatif Mekki est revenu longuement sur le fameux article 31. Lequel « exprime une valeur éthique et politique. Le fait de détenir la présidence du parti durant une longue période peut conduire à des déviances regrettables », fait-il observer. Et de poursuivre: « Il faut, de ce fait, assurer l’alternative par la loi, conformément à l’éthique. »
« Il est normal que des divergences existent au sein du parti », a t-il admis. Et ce, lors de son intervention hier jeudi sur les ondes de Houna Shems. Seulement, on espère que c’est l’éthique et la raison qui l’emporteront. Rached Ghannouchi n’a pas le droit de mettre Ennahdha en danger ». Tel est l’avertissement solennel que lance l’ancien ministre de la Santé.
Puis, il conclut: « Je ne pense pas que l’amendement de l’article 31 soit accepté. Ghannouchi ne doit pas choisir la prolongation. Il est de son devoir de se conformer à l’article 31 et laisser le parti faire le reste. »
En signalant clairement qu’Ennahdha ne dépendait pas de Rached Ghannouchi, la question de l’article 31 doit être tranchée avant le prochain congrès d’Ennahdha. « Ce débat a failli causer l’échec du congrès. Il ne faut pas que ce dernier soit reporté. Abdelatif Mekki a clairement signifié qu’Ennahdha ne dépendait pas de Rached Ghannouchi, affirmer le contraire, selon lui, est une insulte au parti, qu’elle émane de l’intérieur ou de l’extérieur.
Ainsi, Rached Ghannouchi déplace la guerre et le conflit du sommet de la direction vers les bases du mouvement.
C’est dire que la guerre intestine qui ronge la direction de premier rang peut se transférer aux bases et aux adhérents nahdhaouis.
De ce fait, le parti islamiste, réputé pour la discipline de ses adhérents, est déchiré par un conflit ouvert et public. D’une part, les frondeurs groupés dans la liste des 100, dont des dirigeants de premier plan et des députés. Ils s’opposent à la réélection de Rached Ghannouchi à la tête du parti, lors du 11ème congrès. Et d’autre part, les fervents disciples du cheikh. Lesquels soutiennent son maintien, fût-ce en portant une grave entorse à la « démocratie » au sein du parti.
Et c’est ce schisme profond au sein du mouvement Ennahdha qui explique les propos incendiaires d’Abdelatif Mekki, l’un des frondeurs notoires, contre l’actuel président controversé du parti islamiste.
par: Arab Observer