Tunisie: Le mouvement Ennahdha est au bord de la division à cause de Ghannouchi
Des sources proches du mouvement Ennahdha, des Frères musulmans en Tunisie, ont rapporté que les membres de la liste des 100 opposants qui refusent d’étendre un nouveau tour pour Rached Ghannouchi menacent de se scinder et d’établir un nouveau parti, parallèlement à des déclarations fortes que les éléments de ce groupe se sont systématiquement lancés contre Ghannouchi et sa performance et blâment les échecs du mouvement, la baisse de sa popularité, ainsi que la responsabilité de l’échec des gouvernements tunisiens successifs depuis 2012.
Les sources n’ont pas exclu que ce groupe, qui comprend des dirigeants historiques, ainsi que des dirigeants représentant la plupart des gouvernorats et des localités, serait divisé, ce qui les aiderait à créer un nouveau parti qui pourrait inclure certains des dirigeants qui avaient déjà démissionné dans le passé, comme Abdul Hamid Al-Jalasi.
L’acte 31 des statuts d’Ennahdha déclare qu ‘«aucun membre n’a le droit d’assumer la direction du mouvement pendant plus de deux mandats consécutifs».
«Le mouvement Ennahdha ne doit pas être moderne uniquement dans ses déclarations, mais aussi dans son fonctionnement», justifie Samir Dilou qui qui est le premier des 100 signataires d’une lettre remise le 16 septembre à Rached Ghannouchi, déplorant «une culture interne issue de la Confrérie, incompatible avec celle d’un parti moderne». Selon l’article 31 du règlement intérieur, le président du parti ne peut pas se représenter plus de deux mandats, ce qui exclut de facto Rached Ghannouchi lors des élections du XXIe congrès à venir. Sauf que.
Depuis plusieurs semaines, la garde rapprochée de l’opposant islamiste historique, devenu second personnage de l’Etat après son accession à la présidence de l’Assemblée nationale il y a un an, explique que le Congrès est souverain et qu’il peut amender cet article. Le différend aurait pu, comme c’est l’usage dans le mouvement, se régler discrètement dans les alcôves. Mais les 100 opposants, dont des hautes figures comme le président du bureau politique ou un ancien cofondateur du parti, ont décidé de porter le conflit sur la place publique: «On n’a pas donné la lettre aux médias, mais on l’a écrite en sachant qu’elle serait publiée», explique, sibyllin, Samir Dilou.
En 20 points, la missive est une charge virulente contre le cheikh: «La persistance du leadership pendant une longue période ramènerait le mouvement et le pays au temps de la «Présidence à vie» de l’ancien régime. Est-il possible de suivre les traces d’une période que nous avons combattue si longtemps!?» Rached Ghannouchi est également accusé de confisquer le pouvoir pour lui et ses proches. Les frondeurs n’ont ainsi pas digéré la façon dont le bureau exécutif, nommé par Ghannouchi, a remanié quasi unilatéralement les têtes de liste des élections législatives de l’automne dernier. «C’était «La nuit des longs couteaux», résume Samir Dilou.
par: Arab Observer