Manœuvres d’Erdogan avant le sommet européen du 25 mars

Avant le sommet européen qui se tiendra à Bruxelles le 25 mars, au cours duquel les dirigeants européens discuteront d’une feuille de route sur l’avenir des relations avec le régime turc, Erdogan revient à ses manœuvres habituelles, où il a annoncé un plan d’action sur les droits de l’homme comme une tentative de contenir les critiques attendues dans le contexte d’un record de violations.

En Turquie, pays pointé du doigt pour ses violations des droits de l’homme, le président Erdogan a dévoilé les grandes lignes d’un « plan d’action » censé apporter des améliorations dans ce domaine. Le résultat est loin d’être à la hauteur des attentes.

Recep Tayyip Erdogan a donné raison aux pronostics pessimistes, pendant plus d’une heure, il a détaillé des dizaines de mesures parfois très vagues ou, au contraire, très techniques, sans rien annoncer de notable dans les domaines où il se savait attendu au tournant.

Le gouvernement turc a commencé à commercialiser le plan présenté par Erdogan mardi, alors que le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a déclaré mercredi que le plan d’action pour les droits de l’homme élargirait le cadre des libertés et contribuerait au renforcement des relations avec les institutions de l’Union européenne.

« Personne ne devrait être privé de sa liberté pour ses opinions », a notamment déclaré le chef d’Etat turc, qui a poursuivi ces dernières années plusieurs milliers de personnes qui l’avaient « insulté » sur les réseaux sociaux. M. Erdogan a aussi exprimé son souhait de rendre la justice « plus efficace » pour mettre fin aux « procès interminables ». Ces annonces interviennent avant un sommet à Bruxelles le 25 mars lors duquel les dirigeants européens doivent examiner une « feuille de route » sur l’avenir des relations avec la Turquie.

Dans ce contexte, les annonces de M. Erdogan ont été accueillies avec scepticisme par l’opposition. M. Erdogan a « listé les sujets sur lesquels (son parti) l’AKP a fait reculer la Turquie. On dirait des aveux », a raillé sur Twitter Onursal Adigüzel, député du principal parti d’opposition, le CHP (social-démocrate). « Amis journalistes, dans trois heures, vous ne serez plus obligés de vous auto-censurer (…) Le gouvernement va vous accorder la liberté de la presse », avait lancé avant le discours de M. Erdogan un député du parti d’opposition DEVA, Mustafa Yeneroglu.

L’Union européenne exige le régime turc avec des actions, pas des mots, alors qu’elle estime que ce régime n’a pas changé son comportement et qu’il a dévié de l’état de droit à l’état de tyrannie.

Le sommet européen se tient également au milieu d’appels lancés au cours de la période récente pour demander fermement à l’Union européenne de faire face à la persistance de la Turquie et de mettre fin au comportement agressif envers ses partenaires.

En matière de droits de l’homme en Turquie, les attentes sont à la fois immenses, tant les violations sont devenues fréquentes, tout particulièrement ces cinq dernières années, et minimes, tant les opposants et la plupart des ONG semblent avoir perdu espoir dans la capacité du président Erdogan, au pouvoir depuis 18 ans, à renoncer aux tendances autoritaires et liberticides qui caractérisent son régime. Le « plan d’action pour les droits de l’homme » dévoilé mardi était donc attendu avec un mélange de prudence et de scepticisme voire, chez certains, avec un désintérêt affiché.

par: Arab Observer

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