La Tunisie sollicite un prêt du Fonds monétaire international
La Tunisie se tourne vers le Fonds monétaire international pour la quatrième fois en une décennie, espérant un accord sur trois ans et l’obtention de 3,3 milliards d’euros pour 2021, en contrepartie de promesses de réformes encore plus difficiles à tenir qu’auparavant.
Le ministre des Finances Ali Kooli est à Washington jusqu’au 9 mai pour négocier avec le FMI un nouveau prêt. Il doit aussi rencontrer des responsables de la Banque mondiale et de la nouvelle administration américaine, sollicitée pour garantir des emprunts.
Le cabinet du Premier ministre Hichem Mechichi a indiqué à l’AFP qu’il espérait obtenir d’ici fin juin un accord sur un plan d’aide sur trois ans, d’un montant encore à négocier.
Peu de détails ont filtré sur les réformes envisagées pour assainir les finances publiques en contrepartie d’une telle aide. Une large part de celles prévues dans le cadre de précédents plans ne s’est pas concrétisée, à commencer par l’amélioration de la gestion des entreprises publiques.
Le gouvernement a signé fin mars un accord avec le puissant syndicat UGTT prévoyant notamment de réformer sept entités publiques, dont la compagnie aérienne Tunisair et la Steg (électricité).
Mais le sujet le plus explosif socialement est celui des caisses de compensations, qui subventionnent le pétrole mais aussi certains produits de base comme le pain, les pâtes ou le sucre.
Le Fonds monétaire international a appelé à remplacer ces subventions coûteuses par des aides ciblées. Dès 2020, Tunis a lancé un ajustement automatique des prix du carburant, à l’origine de récentes hausses.
A partir du deuxième trimestre, le gouvernement envisage aussi de remplacer graduellement les subventions sur les aliments de base par des aides directes aux familles.
« Ces tentatives de sauvetage de l’économie nationale sont celles de la dernière chance », a argué samedi M. Mechichi, insistant sur le besoin d’unité pour sortir de la crise, alors que la classe politique est complètement fragmentée.
Le gouvernement ne remet pas sur la table une éventuelle réduction de la masse salariale publique, qui dépasse 17% du PIB, jugée excessive par les bailleurs, proposant plutôt d’améliorer son fonctionnement.
M. Ben Hammouda déplore que les décideurs tunisiens aient, à l’unisson du FMI, fixé comme priorité les objectifs d’orthodoxie budgétaire, sans développer parallèlement des réformes structurelles pour relancer l’économie.
Mais il admet l’urgence actuelle: « Il y a un véritable risque de scénario à la libanaise, où l’Etat ne parvient plus à faire face à ses engagements ».
La pandémie s’ajoute à des déficits publics qui se sont creusés depuis dix ans et à un modèle de développement basé sur une main d’oeuvre bon marché qui s’est essoufflé depuis la fin des années 1990″, commente l’expert Hakim Ben Hammouda, un ancien ministre de l’Economie.
Après des années de morosité économique et de gestion à court terme, la pandémie de Covid-19 a mis le petit pays d’Afrique du Nord à genoux: sa dette extérieure a atteint la barre symbolique des 100 milliards de dinars (environ 30 milliards d’euros), soit 100% du Produit intérieur brut.
Selon Abdessalem Abbassi, conseiller économique du chef du gouvernement, un nouvel accord devrait permettre d’obtenir 3,3 milliards d’euros pour 2021, auprès du Fonds monétaire international et d’autres bailleurs et investisseurs.
Le gouvernement compte financer la restructuration de sociétés publiques par « la cession de ses parts dans les entreprises, non stratégiques » et celles où l’Etat « est actionnaire minoritaire », a indiqué à l’AFP M. Abbassi.
par: Arab Observer