L’armée colombienne déployée à Cali, après la mort de 13 personnes
L’armée colombienne, obéissant à l’ordre du président Ivan Duque, a commencé samedi à déployer un millier de soldats dans la ville de Cali, épicentre des manifestations antigouvernementales, où au moins treize personnes ont été tuées vendredi.
Les rues de la troisième ville du pays, 2,2 millions d’habitants, étaient presque désertes samedi après le déploiement de l’armée colombienne, au lendemain d’affrontements entre des manifestants, des policiers et des civils armés qui ont fait au moins 13 morts dans différents incidents.
Plongée dans une crise sociale depuis plus d’un mois, la Colombie est confrontée à de violentes manifestations antigouvernementales, durement réprimées par les forces de l’ordre.
Au moins huit personnes ont succombé à des tirs d’arme à feu, a indiqué la police, un enquêteur du parquet de Cali a tiré sur la foule, tuant deux civils, avant d’être lynché par les manifestants, selon le parquet.
Ces violences interviennent un mois exactement après le soulèvement du 28 avril contre un projet de réforme fiscale, vite abandonné, porté par le président de droite Ivan Duque, qui visait à augmenter la TVA et à élargir la base de l’impôt sur le revenu.
Cette révolte sans précédent secoue les grandes villes, où sont érigées des barricades et des blocages d’axes routiers qui provoquent des pénuries et exaspèrent une partie de la population. Le gouvernement, malgré des médiateurs chargés de négocier avec le Comité national de grève, initiateur du mouvement, est incapable de désamorcer une crise qui, pour l’instant, ne menace pas de le renverser.
En un mois de soulèvement populaire, au moins 59 morts, dont deux policiers, ont été enregistrés dans le pays, selon un décompte officiel. Quelque 2.300 personnes ont été blessées et 123 sont portées disparues. Human Rights Watch évoque jusqu’à 63 morts.
Pendant un demi-siècle, le conflit avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) a occulté une réalité devenue trop criante: selon la Banque mondiale, la Colombie se classe parmi les pays les plus inégalitaires en termes de revenus et possède le marché du travail le plus informel d’Amérique latine.
L’Etat s’est concentré dans sa lutte contre les guérillas, l’ELN et les dissidents des Farc, et a totalement délaissé la demande sociale.
En 2019, un an après l’élection d’Ivan Duque, les étudiants étaient descendus dans la rue pour réclamer un enseignement public meilleur et gratuit, des emplois, un Etat et une société plus solidaires.
L’impopularité d’Ivan Duque, qui doit quitter ses fonctions en 2022, semble jouer en faveur de la gauche, qui n’a jamais présidé le pays. L’ancien maire de Bogota et ex-guérillero Gustavo Petro est aujourd’hui en tête dans les sondages.
par: Arab Observer