Les talibans demandent aux États-Unis de débloquer les fonds gelés
Alors que la famine menace de nombreux Afghans, les talibans ont de nouveau demandé aux États-Unis de débloquer plusieurs milliards de dollars de fonds gelés à l’issue de deux jours de discussions à Doha, alors que l’Afghanistan se débat avec une grave crise humanitaire et économique.
Le gouvernement taliban a également réclamé la levée des sanctions, lors de ces réunions menées par son ministre des Affaires étrangères Amir Khan Muttaqi, et le représentant spécial des États-Unis pour l’Afghanistan Tom West. Une première session de négociations avait déjà eu lieu à Doha en octobre, après le retour des talibans au pouvoir à Kaboul en août et la fin de 20 ans d’occupation américaine.
Washington a gelé près de 9,5 milliards de dollars (8,32 milliards de francs environ) de la Banque centrale afghane. L’économie qui dépendait de l’aide internationale s’est effondrée, avec des fonctionnaires qui n’ont pas été payés depuis des mois et le trésor public incapable de payer les importations.
«Les deux délégations ont discuté de questions politique, économique, de santé publique, éducation et sécurité ainsi que (des moyens) de fournir les services bancaires et de trésorerie nécessaires», a indiqué sur Twitter le porte-parole des Affaires étrangères afghan Abdul Qahar Balkhi.
«La délégation afghane a rassuré les États-Unis sur la sécurité, exhortant à la levée inconditionnelle du gel des avoirs de l’Afghanistan, la fin des listes noires et des sanctions et réclamant que les questions humaines soient séparées du politique», a-t-il ajouté.
Le Fonds monétaire international et la Banque mondiale ont également suspendu leurs activités en Afghanistan, retenant les aides, ainsi que 300 millions d’euros de nouvelles réserves émises par le Fonds monétaire international (FMI) en août.
Les agences de l’ONU ont averti que 23 millions d’Afghans, soit plus de la moitié de la population du pays, seraient cet hiver menacés par la famine, sous les effets combinés de la sécheresse causée par le réchauffement climatique et de la paralysie économique.
Les États-Unis ont rappelé aux talibans leur engagement à ne pas permettre que des organisations «terroristes» opèrent sur le sol afghan et à garantir le passage en toute sécurité aux citoyens américains souhaitant quitter le pays. Ils ont en outre appelé à la libération du citoyen américain Mark Frerichs, enlevé en Afghanistan en février 2020.
Les talibans ont qualifié les discussions à Doha de «positives» et affirmé qu’Amir Khan Muttaqi avait également rencontré dans la capitale qatarie les ambassadeurs japonais et allemand accrédités en Afghanistan.
Washington a de son côté maintenu fermement sa position sur ses mesures qui sanctionnent notamment le Premier ministre Mohammad Hassan Akhund, assurant que les États-Unis agiraient cependant pour aider le peuple afghan.
«Les États-Unis restent déterminés à garantir que les sanctions américaines ne limitent pas la capacité des civils afghans à recevoir un soutien humanitaire du gouvernement américain et de la communauté internationale, tout en privant des entités et individus sanctionnés de leurs avoirs», selon un communiqué du porte-parole du département d’État Ned Price.
«Le Trésor a émis des licences générales pour soutenir le flux continu d’assistance humanitaire au peuple d’Afghanistan et autres activités soutenant les besoins humanitaires de base.»
par: Arab Observer