Le système Swift que l’Occident menace d’utiliser contre la Russie

Les États-Unis, leurs alliés européens et le Canada ont convenu samedi de retirer les principales banques de la Russie du système de messagerie interbancaire, SWIFT, une mesure extraordinaire qui coupera le pays d’une grande partie du système financier mondial.

« Ces banques seront ainsi déconnectées du système financier international et leur capacité à opérer à l’échelle mondiale sera compromise », ont écrit les puissances mondiales dans une déclaration commune annonçant cette importante mesure de rétorsion.

L’exclusion de Moscou de SWIFT signifie que les banques russes ne pourront pas communiquer en toute sécurité avec les banques situées au-delà de ses frontières. L’Iran a été retiré de SWIFT en 2014 à la suite de l’évolution du programme nucléaire de Téhéran.

SWIFT est une entreprise indépendante basée en Belgique qui sert de système de messagerie interne entre plus de 11 000 banques et institutions financières dans plus de 200 pays et territoires, rappelle CNBC. Le retrait d’un pays de SWIFT signifie que ses principales banques seront coupées d’une grande partie du système financier mondial.

Derrière cet acronyme se cache en fait une coopérative installée en Belgique. Swift signifie Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication, ou Société pour les télécommunications financières interbancaires mondiales, en français. Il s’agit d’une coopérative de droit fondée en 1973 et installée à La Hulpe (Bruxelles). Comme elle l’explique sur son site, Swift fournit « une plate-forme pour la messagerie, des standards pour communiquer et nous proposons des produits et des services pour faciliter l’accès et l’intégration ; l’identification, l’analyse et la conformité en matière de lutte contre la criminalité financière ».

« Toute décision d’imposer des sanctions à des pays ou des entités individuelles relève uniquement des organes gouvernementaux compétents et des législateurs applicables », a déclaré SWIFT dans un communiqué. « Étant donné que nous sommes constitués en société de droit belge, notre obligation est de nous conformer à la réglementation européenne et belge en la matière. » Le groupe a déclaré qu’il cherchait à obtenir des détails sur les entités qui seront touchées par ces nouvelles mesures.

En réponse à l’invasion du territoire ukrainien, la Russie s’apprête à subir des représailles des grandes puissances (Union européenne, Etats-Unis, Royaume-Uni ou encore Japon) sur le plan économique. Un train de mesures a été acté par ces alliés afin de porter un coup sévère à la nation de Vladimir Poutine.

D’une part, certains pays européens souhaitent en garder sous la pédale pour pouvoir à nouveau pousser sur l’accélérateur si la situation venait à s’envenimer. D’autant plus que cette exclusion de Swift, si elle devait avoir lieu, serait la mesure la plus sévère – « une bombe nucléaire économique » – imaginable. Elle causerait donc, par ricochet, de sérieux dommages aux nations européennes.

L’éventualité d’une exclusion de la Russie du réseau Swift pourrait s’avérer extrêmement pénalisant. Cela mettrait fin à toutes les transactions internationales de la Russie, de quoi engendrer un exode massif des capitaux. Le système bancaire serait clairement au ralenti, et la Russie devrait alors s’appuyer sur des systèmes de messageries sécurisées alternatives. Elle dispose effectivement, depuis quelques années, d’un système propre de validation des opérations bancaires, mais totalement incomparable avec Swift. Seulement une petite vingtaine de banques en font partie. La solution la plus plausible serait de se rapprocher de la Chine, elle aussi propriétaire de son propre réseau de traitement des opérations bancaires. Un handicap extrêmement lourd pour s’insérer dans l’économie mondiale.

Pour rappel, les banques iraniennes ont été déconnectés du système Swift en 2012. La moitié des recettes d’exportations du pays étaient parties en fumée.

Retirer la Russie de ce système nuirait aux entreprises qui fournissent et achètent des marchandises en Russie, en particulier en Allemagne.

La Russie est le principal fournisseur de pétrole et de gaz naturel de l’Union européenne, et trouver des sources d’approvisionnement alternatives ne sera pas facile.

Alors que les prix de l’énergie montent déjà en flèche, de nombreux gouvernements veulent éviter de nouvelles perturbations.

Les entreprises créditant la Russie devront trouver d’autres moyens de collecter l’argent. Certaines personnes disent que les risques de chaos bancaire international sont trop grands.

La décision de bloquer l’accès de la Russie au système SWIFT aura encore besoin du soutien des gouvernements européens, dont beaucoup hésitent en raison du potentiel de préjudice pour leur économie.

par: Arab Observer

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