Le régime turc ne parvient pas à résoudre la crise insoluble de la Livre turque
La livre turque a connu une série d’effondrements successifs au cours des deux dernières années et un état d’instabilité au premier trimestre de cette année, à la lumière de l’échec du régime turc à résoudre cette crise insoluble de la monnaie nationale, qui produit une économie au bord de l’effondrement et augmente les craintes des investisseurs.
A force de vouloir faire croître le PIB à tout prix, le pays dirigé par Recep Tayyip Erdogan est entré dans une spirale inflationniste dont il aura du mal à sortir. Les prix se sont envolés de plus de 60 % en un an. L’accumulation de déficits rend les investisseurs étrangers très nerveux.
L’inflation atteint 61 % sur un an en Turquie mais la banque centrale a préféré laisser ses taux d’intérêt inchangés ce jeudi, conformément à la volonté du président, Recep Tayyip Erdogan.
Le banque central a décidé, vendredi, d’exiger des exportateurs turcs qu’ils échangent 40 % de leurs devises étrangères en livres, contre 25 % actuellement, après que le gouvernement a fourni de nombreuses incitations pour inciter les entreprises à pomper des revenus en dollars en livres.
Les travaux sur le nouveau taux commenceront à partir de lundi prochain, ce qui jette une ombre de méfiance sur le marché turc.Les entreprises et les exportateurs hésitent à transférer leurs revenus en dollars ou autres devises étrangères dans la lire par crainte de dommages financiers, étant donné que la conversion à la monnaie nationale n’est plus un refuge sûr et peut subir des pertes importantes.
La Turquie a bien changé dans l’esprit des investisseurs internationaux. Le pays dirigé par Recep Tayyip Erdogan a accumulé les chocs économiques ces dernières années. Il y a d’abord eu, à l’été 2018, les tensions entre l’autocrate et son alter ego américain, Donald Trump, qui avaient incité les investisseurs à vendre leurs livres turques, puis le Covid, qui a fait plonger les recettes touristiques du pays.
Mais ce n’est pas tout. Si le pays a plutôt bien résisté aux effets de la pandémie, des choix politiques ont largement renforcé les difficultés de l’après-Covid. Alors que l’inflation remontait il y a un an, les banques centrales de la plupart des pays émergents ont commencé à relever leur taux d’intérêt pour endiguer la hausse des prix.
La Turquie fait désormais face à une autre difficulté, la guerre en Ukraine affaiblit nettement son économie. Le conflit a fait grimper le prix des matières premières, notamment du blé et du pétrole, dont le pays est fortement importateur. Ce qui va mécaniquement accroître le déficit courant, alors même que les investisseurs sont réticents à financer l’économie.
A force de vouloir faire croître le PIB à tout prix, les déficits se sont creusés et sont redevenus une source d’inquiétude. Les économistes de Goldman Sachs s’attendent à ce que le déficit courant atteigne 4 % du PIB cette année. Une estimation « optimiste » de leur propre aveu, notamment si les prix des matières premières ne baissent pas, le pays étant dépendant du blé russe et ukrainien.
Scope Ratings est beaucoup plus pessimiste et anticipe un déficit courant de 8 % du PIB. L’agence de notation table sur un ralentissement de la croissance à 2,3 % cette année et juge que « la trajectoire actuelle de la Turquie est intenable ». Pour elle, « les politiques économiques insoutenables de la Turquie, la spirale de l’inflation et la dépréciation de la monnaie augmentent le risque de crises plus profondes de la balance des paiements, financière et politique. »
par: Arab Observer