Le pétrole russe met les Européens dans des attitudes contradictoires
Des pays comme la Hongrie et l’Autriche ont déclaré que l’embargo sur le pétrole russe était une ligne rouge pour eux, et ils ne peuvent accepter ou respecter une telle décision.
La Hongrie bloque toujours à l’heure actuelle le projet de l’Union européenne de mettre en place un embargo sur le pétrole russe.
Selon plusieurs sources diplomatiques, les négociations se poursuivent âprement entre les 27 pays membres pour trouver un accord pendant le week-end.
Des observateurs et experts estiment qu’il est quasiment impossible de parvenir à un accord européen pour commencer à imposer l’embargo, même partiel, sur le pétrole russe, car une telle décision aurait des répercussions catastrophiques sur les économies de la zone euro, augmentant de plus en plus les taux d’inflation, prix et la rareté du carburant dans leur pays, ce qui peut se refléter sur la forme de troubles politiques et sociaux en son sein.
Ils ont souligné qu’il y a des pays pivots dans l’Union européenne, comme l’Allemagne et l’Italie, qui seront directement et sévèrement touchés par une telle mesure, ce qui signifie, selon eux, la difficulté de prendre toute décision allant dans le sens d’une interdiction de la Russie. importations de pétrole vers les pays européens.
« Si aucun accord n’est trouvé ce week-end, je devrais convoquer une réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères de l’UE la semaine prochaine, après la journée de l’Europe », a déclaré le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.
Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a quant à lui durci le ton, estimant que la proposition de la Commission européenne d’interdire les achats de pétrole et de produits pétroliers à la Russie d’ici la fin de 2022 portait « atteinte » à l’unité de l’UE. « Depuis le début, nous avons clairement signifié qu’il y avait une ligne rouge, à savoir l’embargo sur l’énergie. Ils ont franchi cette ligne », a-t-il dénoncé lors d’un entretien à la radio vendredi.
Les négociations menées au niveau des ambassadeurs des Etats membres vont être « compliquées », a par ailleurs estimé un diplomate. Et ce, d’autant plus que l’unanimité des 27 membres est requise pour pouvoir adopter des sanctions.
« La Hongrie a un problème et (les ambassadeurs) doivent le résoudre. Des clarifications techniques sont nécessaires, et cela prendra un certain temps. Cela va se poursuivre pendant le week-end pour le travail technique, pas politique », a expliqué un diplomate européen. « L’approche des Hongrois dans la salle est très différente de ce que vous entendez de la part d’Orban à Budapest », a-t-il souligné.
« Le problème avec les sanctions est que l’accord doit repasser par les capitales », a expliqué un autre diplomate.
L’objectif est une entrée en vigueur du sixième train de sanctions européennes pour la célébration de la 72e journée de l’Europe le 9 mai. Cette date est également célébrée en Russie comme le « jour de la Victoire » sur l’Allemagne nazie.
La proposition soumise mercredi aux Etats membres prévoit un arrêt progressif des importations de brut dans les six mois prochains, l’achat des produits raffinés devant quant à lui cesser d’ici à fin 2022. Une dérogation de douze mois – jusqu’à fin 2023 – est accordée à la Hongrie et à la Slovaquie, deux pays enclavés et dépendants des livraisons russes par l’oléoduc Droujba.
Un délai jugé insuffisant par la Hongrie et la Slovaquie, la République tchèque demandant pour sa part à en bénéficier.
Désormais, selon les sources, la date butoir a été fixée à fin 2024 dans la nouvelle version de la proposition discutée vendredi. La République tchèque se voit également accorder cette possibilité.
En 2021, la Russie a fourni 30% du brut et 15% des produits pétroliers achetés par l’UE. Les trois pays qui demandent une dérogation représentent « un faible pourcentage » des achats, a tenu à souligner la Commission.
par: Arab Observer