Antony Blinken va parler avec Sergueï Lavrov dans les prochains jours
Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken a annoncé qu’il parlerait dans les prochains jours» avec son homologue russe Sergueï Lavrov, pour discuter d’une offre américaine «conséquente», afin d’obtenir la libération de deux Américains détenus en Russie.
Les deux hommes se rencontrent pour la première fois depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine le 24 février dernier.
La conversation téléphonique entre Antony Blinken et Sergueï Lavrov «ne sera pas une négociation au sujet de l’Ukraine», a prévenu le chef de la diplomatie américaine. «Toute négociation sur l’Ukraine appartient à son peuple et c’est à son peuple de décider». Toutefois, Antony Blinken a ajouté qu’il entendait évoquer avec le ministre russe des Affaires étrangères l’accord entre Kyiv et Moscou conclu la semaine dernière à Istanbul, via une médiation de la Turquie et sous l’égide de l’ONU, pour permettre la livraison à l’étranger des quelque 25 millions de tonnes de céréales coincées dans les ports ukrainiens. «Nous espérons que cet accord permettra rapidement d’expédier à nouveau les céréales ukrainiennes par la mer Noire et que la Russie respectera sa promesse de permettre à ces navires de passer», a-t-il dit.
L’entretien devrait être essentiellement consacré à la détention en Russie de la basketteuse Brittney Griner et l’ex-soldat Paul Whelan, «qui ont été arrêtés à tort et qui devraient être autorisés à rentrer chez eux», a précisé le secrétaire d’Etat américain au cours d’une conférence de presse. «Nous avons mis une offre conséquente sur la table des négociations il y a plusieurs semaines pour faciliter ces libérations», a-t-il ajouté, refusant de préciser en quoi consiste l’offre américaine.
Selon plusieurs médias américains, les deux prisonniers américains pourraient être échangés contre Viktor Bout, un trafiquant d’armes russe surnommé le «marchand de mort» et condamné à 25 ans de prison aux Etats-Unis après avoir été arrêté en 2008.
L’annonce d’une reprise des discussions entre les homologues est intervenue au moment où Brittney Griner comparaissait devant la justice russe. Arrêtée à l’aéroport de Moscou en février après la découverte dans ses bagages à main «de vapoteuses» et «d’un liquide présentant une odeur particulière» d’huile de cannabis, selon le service fédéral des douanes russe, elle risque jusqu’à 10 ans de prison.
«Je n’ai pas eu l’idée, ni ne prévoyais d’introduire des substances interdites en Russie», a assuré la double championne olympique, depuis la cage réservée aux accusés. Âgée de 31 ans, cette joueuse de 2,06 mètres, considérée comme l’une des meilleures du monde, jouait pendant l’intersaison pour un club d’Ekaterinbourg, dans l’Oural.
Elle a assuré avoir pris par inadvertance ces cartouches de cannabis pour vapoteuse avec elle avant de partir en Russie. «Je ne comprends toujours pas comment ça a fini dans mon sac. Je n’avais pas l’intention d’enfreindre la loi russe. Si je dois faire des hypothèses sur la façon dont ça a fini dans mon sac, je dirais que c’était parce que j’étais pressée de faire mes affaires», a-t-elle déclaré.
L’ex-soldat Paul Whelan, ancien responsable de la sécurité d’une entreprise de pièces automobiles, détenu depuis 2018, continue de clamer son innocence après avoir été condamné à 16 ans de prison en Russie pour espionnage.
Concernant la question de l’échange potentiel de prisonniers avec Viktor Bout, la Maison Blanche n’a pas démenti, mais a souligné qu’il s’agissait de négociations délicates. Le président Biden «est prêt à prendre des mesures extraordinaires», a déclaré John Kirby, porte-parole chargé des questions de sécurité nationale. «Nous espérons que la Russie va en discuter favorablement». Le frère de Paul Whelan, David, s’est félicité des efforts du gouvernement américain pour obtenir la libération des détenus, espérant que la Russie «acceptera ces concessions ou d’autres».
En revanche, la famille de Viktor Bout a assuré que celui-ci ne serait pas informé de la potentialité d’un échange. «Nous nous sommes parlé mardi au téléphone et Viktor ne sait rien de négociations entre la Russie et les Etats-Unis pour l’échanger», a déclaré sa femme, Alla Bout. «Bien sûr nous supposons que de telles négociations puissent avoir lieu, mais nous n’en parlons pas car nous n’avons ni lui ni moi la moindre information», a-t-elle ajouté. Même son de cloche du côté des avocats de Brittney Griner, qui n’ont pas non plus été informés de pourparlers. «Les avocats ne participent pas à des négociations. D’un point de vue légal, l’échange ne pourra avoir lieu qu’après l’énoncé du verdict. Dans tous les cas, nous serons heureux si Brittney peut bientôt rentrer chez elle», a indiqué l’avocate Maria Blagovolina.