Rached Ghannouchi de nouveau devant le pôle judiciaire antiterroriste
Le chef d’Ennahdha, Rached Ghannouchi doit se présenter le 21 septembre devant le pôle judiciaire antiterroriste, après avoir été interrogé par une unité de la police dans une affaire d’envoi présumé de jihadistes en Syrie et en Irak.
Le chef d’Ennahdha, 81 ans, a été interrogé toute la nuit par les enquêteurs et doit comparaître de nouveau ce 21 septembre devant le pôle judiciaire antiterroriste. Il devait initialement être interrogé le 19 septembre mais il a attendu pendant douze heures dans les locaux de l’unité policière sans être entendu avant que son audition ne soit reportée à mardi, selon son mouvement qui a dénoncé « une forme de torture ».
L’affaire dite de « l’expédition de jihadistes », qui fut au cœur du débat politique pendant des années, a refait surface ces dernières semaines en Tunisie. Le président Kais Saied, dont Ennahdha est la bête noire, a considérablement renforcé sa tutelle sur la justice après s’être arrogé les pleins pouvoirs en 2021. Un autre dirigeant d’Ennahdha, l’ancien Premier ministre Ali Laarayedh a été interrogé le 19 septembre dans le cadre de la même affaire, et maintenu en détention pour être déféré devant un juge au pôle judiciaire antiterroriste.
Ennahdha ne cesse de dénoncer des accusations « fabriquées » et accuse le pouvoir de chercher à détourner l’attention de l’opinion publique des « préoccupations économiques et sociales et de la dégradation des conditions de vie ». Rached Ghannouchi avait déjà été interrogé en juillet dans le cadre d’une enquête pour des soupçons de corruption et blanchiment d’argent liés à des transferts depuis l’étranger vers une organisation caritative affiliée à Ennahdha.
Après la chute de la dictature de Zine el Abidine Ben Ali en 2011, des milliers de Tunisiens avaient rejoint les rangs d’organisations jihadistes, notamment le groupe Etat islamique (EI), en Irak, en Syrie et en Libye. Le parti Ennahdha, pilier des gouvernements qui se sont succédé au pouvoir depuis 2011, est soupçonné par ses détracteurs et une partie de la classe politique d’avoir facilité le départ de ces jihadistes vers les zones de conflit, ce que le mouvement dément catégoriquement.