Noël Le Graët démissionne de la FFF… mais reste président de la FIFA à Paris
Une page de la Fédération Française de Football (FFF) s’est tournée ce mardi 28 février. Depuis onze ans, Noël Le Graët est à la tête du puissant empire de football dont il n’est désormais plus le roi. L’ancien maire de Guingamp (Côtes-d’Armor) a annoncé lui-même sa décision devant le comité exécutif de l’instance des « 3F ». Cette décision paraissait inéluctable en particulier après la remise à la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, d’un rapport d’audit accablant.
Dans son enquête, l’inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR) a mis en garde des « dérives de comportement » du dirigeant de 81 ans, jugées « incompatibles avec l’exercice des fonctions et l’exigence d’exemplarité qui lui est attachée ». Le rapport a par ailleurs conclu que Noël Le Graët n’avait plus « la légitimité nécessaire pour administrer et représenter le football français ».
Loin de regretter son dirigeant, la Fédération Française de Football a fait l’éloge de son « bilan sportif et économique remarquable » dans un communiqué, publié suite au départ de son ancien dirigeant.
S’il s’écarte de la FFF, Noël Le Graët est loin de faire ses adieux définitifs au monde du football. Le dirigeant breton demeure représentant du président de la Fédération internationale de football (FIFA) auprès du bureau de Paris, une fonction honoraire que Gianni Infantino lui avait confié en janvier 2022. « Le président a été nommé à la FIFA par Gianni Infantino. Il va diriger le bureau de Paris.
Il a été nommé en raison de ses compétences, son expertise et son expérience », a confirmé Eric Borghini, mardi, dans des propos relayés par RMC.
« Il va continuer sa carrière, il a un boulot qui débute à la FIFA », a de son côté lâché le président de la Ligue de Football Professionnel (LFP), Vincent Labrune. « Il aura des responsabilités à la FIFA, il est très proche de Gianni Infantino, ils ont un bureau du côté de l’Hôtel de la Marine, je trouve que c’est très bien pour lui », a aussi indiqué le président du club RB Strasbourg, Marc Keller.
Rattrapé par les accusations de harcèlement sexuel, Noël Le Graët est toujours plongé au cœur d’une véritable tempête judiciaire qui a commencé par le témoignage de Sonia Souid. L’agente de joueurs était la première femme à raconter à visage découvert ce que lui a fait subir l’ancien dirigeant. « Il m’a dit en tête à tête, dans son appartement, très clairement, que si je voulais qu’il m’aide, il fallait passer à la casserole », affirme la jeune femme, pour qui les rendez-vous professionnels en question étaient destinés à promouvoir le football féminin.
D’après les informations obtenues par la cellule d’investigation de Radio France, plusieurs femmes ont dénoncé l’attitude de Noël Le Graët à leur égard. Des textos et des messages WhatsApp du patron FFF ont été montrés aux inspecteurs. Il s’agit d’invitations à dîner ainsi que d’appels répétés reçus « après 22 heures, voire 23 heures ». Une ancienne dirigeante évoque une « proposition indécente » et dénonce notamment des attouchements.
Dans son rapport élogieux portant sur le départ de Noël Le Graët, la FFF a tout de même tenu à réitérer son « engagement fort contre les violences sexistes et sexuelles dans le cadre de sa politique de protection des licencé(e)s ». Une annonce qui pourrait être lue avec un certain sarcasme à la vue des nombreuses plaintes déposées à l’encontre de Noël Le Graët.