Les manifestations se poursuivent contre le réforme judiciaire en Israël
Malgré le report de la loi de réforme judiciaire controversée, l’opposition à Nétanyahou reste mobilisée, orchestrant une démonstration de force pour la treizième semaine consécutive, rejointe par un nombre croissant de personnalités de droite.
Les organisateurs de la manifestation ont revendiqué plus de 440 000 personnes dans tout le pays, bien que ces chiffres n’aient pas pu être corroborés. Le Jerusalem Post en a dénombré plus de 175 000 rien qu’à Tel-Aviv (230 000 selon les organisateurs), essentiellement regroupés dans la rue Kaplan et le carrefour Azrieli, centres névralgiques du mouvement depuis treize semaines.
L’opposition israélienne n’offre aucun répit à Benyamin Nétanyahou. Bien que le Premier Ministre ait concédé une pause dans son projet de réforme judiciaire, des centaines de milliers de manifestants sont descendus dans les rues d’Israël samedi 1er avril, dans plus d’une centaine de villes.
La méfiance reste de mise dans les cortèges d’opposants, qui soupçonnent le gouvernement de ne pas vraiment vouloir faire de concession mais seulement de “gagner du temps”. “La tentative de Nétanyahou d’endormir les manifestants a échoué”, ont ainsi déclaré les organisateurs. “Nous continuerons à descendre dans la rue jusqu’à ce qu’on soit sûrs que l’État d’Israël restera une démocratie.”
Lundi dernier, Nétanyahou avait en effet annoncé une pause dans sa réforme, à la suite des remous politiques provoqués par le limogeage de son ministre de la Défense, Yoav Gallant, favorable à un tel report. Mardi, les chefs de la plupart des partis de la Knesset avaient entamé des pourparlers à la résidence du président Isaac Herzog pour tenter de trouver un compromis. Mais le correspondant d’Al-Jazeera en Israël, Bernard Smith, confirme que “beaucoup de gens ici ne croient pas le Premier Ministre quand il dit vouloir s’engager dans des consultations”.
Le vaste mouvement social ne cesse de s’élargir et rassemble désormais bien au-delà des cercles libéraux et de gauche. Ont même été aperçus à la manifestation plusieurs membres, actuels ou anciens, du Likoud, remarque le Washington Post. Notamment l’ancien chef de cabinet de Nétanyahou, Yoav Horowitz ; un de ses anciens porte-parole, Yossi Levy ; ou encore l’ancien chef de l’unité de renseignement militaire israélienne, Amos Malka, qui a déclaré :
“Ce gouvernement a été élu lors d’élections démocratiques et, sous les auspices de la démocratie, s’emploie à le détruire”.
Lors du rassemblement à Jérusalem, l’auteur de renommée mondiale David Grossman a déclaré que les architectes de la refonte judiciaire avaient “commis l’erreur de leur vie”, rapporte le Times of Israel. “Nous avons changé, nous les manifestants, les contestataires”, a-t-il clamé. “Nous-mêmes n’imaginions pas l’étendue de l’amour tapi en nous pour la vie que nous avons su créer ici en Israël.”
“Nous sommes la dernière ligne de défense d’Israël contre la tyrannie écrasante”, a ajouté l’écrivain. Les prochains jours seront une période de dialogue à la résidence présidentielle, “et c’est tant mieux”, s’est-il réjoui. Mais le peuple reviendra protester avec force “dès que nous nous rendrons compte” que la discussion n’est pas menée avec intégrité et honnêteté.
par: Arab Observer