Macron appelle l’Europe à réduire sa dépendance au dollar et aux Etats-Unis
Le président français Emmanuel Macron a déclaré ce dimanche dans une interview accordée au magazine économique Les Echosalors qu’il revenait d’une visite en Chine, que son pays et le continent européen doivent « réduire la dépendance vis-à-vis des Etats-Unis » concernant la question autour de Taïwan.
«Nous ne voulons pas dépendre des autres sur les sujets critiques, plaide le président de la République, qui s’est rendu en Chine pour une visite d’État de trois jours cette semaine. Le jour où vous n’avez plus le choix sur l’énergie, sur la manière de se défendre, sur les réseaux sociaux, sur l’intelligence artificielle parce qu’on n’a plus l’infrastructure sur ces sujets, vous sortez de l’histoire pour un moment.»
«Le paradoxe serait qu’au moment où nous mettons en place les éléments d’une véritable autonomie stratégique européenne, nous nous mettions à suivre la politique américaine, par une sorte de réflexe de panique», estime notamment le chef de l’État dans un entretien aux Échos.
«L’autonomie stratégique doit être le combat de l’Europe.» Dans un entretien aux Échos publié ce dimanche mais réalisé vendredi depuis la Chine, Emmanuel Macron défend de nouveau sa vision de la place du Vieux Continent dans le monde. Pas moins de neuf fois revient le mot «autonomie» dans la bouche du chef de l’État au cours de cette interview.
Le chef de l’État estime ainsi que l’UE ne doit pas dévier de sa ligne de conduite, malgré les crises géopolitiques du moment, à Taïwan ou en Ukraine. «Le piège pour l’Europe serait qu’au moment où elle parvient à une clarification de sa position stratégique, où elle est plus autonome stratégiquement qu’avant le Covid, elle soit prise dans un dérèglement du monde et des crises qui ne seraient pas les nôtres», juge-t-il, insistant plus loin : «Le paradoxe serait qu’au moment où nous mettons en place les éléments d’une véritable autonomie stratégique européenne, nous nous mettions à suivre la politique américaine, par une sorte de réflexe de panique.»
Disant ne pas vouloir «entrer dans une logique de bloc à bloc», le locataire de l’Élysée estime que l’Europe doit «assumer avoir des convergences de vue avec les États-Unis». «Mais que ce soit sur l’Ukraine, le rapport à la Chine ou les sanctions, nous avons une stratégie européenne», insiste-t-il. Emmanuel Macron reconnaît néanmoins une dépendance plus forte vis-à-vis de Washington depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie et les sanctions internationales contre Moscou. «Nous avons certes accru notre dépendance vis-à-vis des Etats-Unis dans le domaine de l’énergie, mais dans une logique de diversification car nous dépendions un beaucoup trop du gaz russe », admet-il, mettant également en cause la stratégie passée de l’UE. «Pendant trop longtemps l’Europe n’a pas construit cette autonomie stratégique pour laquelle je me bats», déplore le président de la République.
Selon lui, «aujourd’hui, la bataille idéologique est gagnée et les jalons sont posés». «Il y a cinq ans, l’autonomie stratégique était une chimère. Aujourd’hui, tout le monde en parle. C’est un changement majeur», se félicite-t-il, mettant implicitement en avant son rôle dans ce basculement.
par: Arab Observer