Les combats ont gagné en intensité et en ampleur au Soudan

Les combats ont encore gagné en intensité et en ampleur au Soudan où les humanitaires appellent, en vain jusqu’ici, les belligérants à laisser passer les convois humanitaires pour aider les millions de civils pris sous les tirs. Des dizaines de millions de personnes sont en danger de mort.

Comme la veille, les habitants de Khartoum ont été secoués par de combats à l’arme lourde et des bombardements aériens. Des affrontements se sont poursuivis jusqu’au centre de la capitale. À Omdourman, la banlieue nord de la ville, un habitant a fait état de bombardements aériens et des tirs de batteries antiaériennes “intensifs” qui ont duré plusieurs heures.

Les combats font aussi rage au Darfour, province frontalière du Tchad déjà meurtrie par une guerre civile dans les années 2000.

Rien qu’à El-Geneina, chef-lieu du Darfour-Ouest, 1 100 personnes ont été tuées, selon l’ONU. Des maisons ont été incendiées, des cadavres gisent au milieu de rues de terre battue flanquée de magasins aux rideaux éventrés par des pillards. Et plus de 170 000 personnes ont fui vers le Tchad et la Centrafrique.

Avec la poursuite des hostilités, les deux tiers environ des établissements de santé dans les zones de combat sont désormais hors service, a indiqué cette semaine l’Organisation mondiale de la santé (OMS), évoquant pas moins de “46 attaques contre des établissements de santé depuis le début des combats”.

La situation humanitaire devrait encore s’aggraver avec l’arrivée de la saison des pluies qui fait craindre aussi des épidémies, selon le CICR qui a décrit les ordures qui s’accumulent, les cadavres qui gisent toujours à l’air libre dans des zones difficiles d’accès. Il a aussi souligné que, par désespoir, de nombreux habitants sont obligés de boire de l’eau insalubre du Nil ou d’autres sources.

La Croix-Rouge, les agences de l’ONU et d’autres ONG doivent aussi aider les pays voisins du Soudan, eux-mêmes plongés dans une crise économique ou en proie à des violences, à accueillir les réfugiés.

Lundi, à Genève, la communauté internationale a promis 1,5 milliard de dollars d’aide, soit… la moitié des besoins avancés par les agences humanitaires. Une “catastrophe se profile”, a averti l’ONG Norwegian Refugee Council. Pour le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, le Soudan sombre dans la destruction et la violence à une vitesse “sans précédent”.

Mercredi matin, une nouvelle trêve a pris fin. Pendant trois jours, les combats avaient largement baissé en intensité mais tous les témoignages concordent pour dire que pendant cette accalmie, les deux camps en ont profité pour se réorganiser, envoyer des armes au front et redistribuer les forces sur le terrain, ce qui laisse prévoir un nouvel embrasement et démontre qu’aucun des deux camps ne souhaite la paix.

Le conflit oppose, depuis le 15 avril, l’armée, dirigée par le général Abdel Fattah Al-Bourhane, aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), du général Mohammed Hamdan Dagalo, dit “Hemetti”. Autrefois alliés, les deux généraux se disputent désormais le pouvoir et semblent déterminés à aller jusqu’au bout. Seule la reddition ou la disparition d’un des deux chefs de guerre semble pouvoir permettre le silence des armes.

 

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