La police disperse un campement propalestinien à l’université George Washington
La police de la capitale des Etats-Unis a dispersé mercredi à l’aube un campement propalestinien à l’université George Washington, dernière évacuation en date d’un campus américain secoué par des manifestations réclamant la fin de la guerre à Gaza.
Tôt mercredi, les abords du campus de l’université George Washington (GW), en plein centre de la capitale, non loin de la Maison Blanche, étaient bouclés par la police.
Des travailleurs ont traîné les tentes qu’occupaient les protestataires vers un camion poubelle, tandis que la rue était nettoyée à l’eau.
La cheffe de la police de Washington, Pamela Smith, a justifié l’évacuation par le constat d’une escalade ces derniers jours, affirmant que des objets susceptibles d’être utilisés comme armes défensives et offensives étaient en train d’être rassemblés.
Trente-trois personnes ont été interpellées et la police a fait usage de spray au poivre, a-t-elle ajouté.
C’est vers 4H00 du matin heure locale que les policiers sont intervenus, selon le média étudiant GW Hatchet qui a publié des images de la confrontation, notamment d’un jeune homme se nettoyant les yeux à l’eau claire.
Les forces de l’ordre de Washington, qui avaient au départ renâclé à l’idée d’intervenir selon la presse américaine, ont agi le jour où la maire et la cheffe de la police de la ville devaient être entendues par le Congrès sur le sujet.
L’audition a été annulée, l’élu républicain James Comer se félicitant que la police ait évacué des manifestants antisémites et hors-la-loi.
A l’inverse, l’élue démocrate et d’origine palestinienne Rashida Tlaib a critiqué l’opération policière, avertissant responsables démocrates comme républicains qu’ils ne pouvaient « se sortir de cette grogne croissante avec des arrestations ».
Les rassemblements ont ravivé le débat, déjà très tendu dans le pays depuis le début du conflit, sur la liberté d’expression, l’antisionisme et ce qui constitue de l’antisémitisme.
Les étudiants propalestiniens affirment que leurs universités et la classe politique utilisent l’accusation d’antisémitisme pour museler leur défense des civils à Gaza, tandis que plusieurs élus les accusent d’attiser un discours de haine et de violence contre les juifs.
A la même conférence de presse que Rashida Tlaib, une étudiante a accusé la police d’avoir envoyé « plusieurs manifestants aux urgences ».
« La police peut évacuer le campement. Les gens vont revenir aussitôt », a dit devant l’université à l’AFP Hanaan, 21 ans, une étudiante à GW qui a participé aux manifestations propalestiniennes et n’a pas souhaité donner son nom de famille.
La cheffe de la police a averti devant la presse que les forces de l’ordre ne permettraient pas qu’un nouveau campement soit installé sur les lieux.
Le chef républicain de la Chambre des représentants, Mike Johnson, s’est réjoui de la dispersion d’un campement qu’il a qualifié de « pro-Hamas », regrettant qu’il ait fallu « menacer » la maire d’une audition devant le Congrès « pour assurer la sécurité des étudiants juifs de l’université George Washington ».
Les campus américains sont secoués depuis plusieurs semaines par des manifestations contre la guerre menée par Israël à Gaza. Le conflit a été déclenché en octobre par une attaque en Israël du Hamas palestinien.
A travers les Etats-Unis, les forces de l’ordre ont été appelées par les directions des universités pour démanteler des campements et déloger manu militari des manifestants.
Le président Joe Biden a affirmé la semaine dernière que « l’ordre devait prévaloir » sur les campus, tout en affirmant qu’il n’était pas question de « réduire les gens au silence ». Il s’est engagé mardi à combattre la progression « redoutable » de l’antisémitisme.