L’armée israélienne ordonne à ses soldats de rester incognito par crainte de poursuites judiciaires

De crainte de poursuites pour crimes de guerre, l’armée israélienne a ordonné à tous les soldats ayant servi dans la bande de Gaza de ne plus apparaître à visage découvert dans les médias ou sur les réseaux sociaux.

Les soldats israéliens ont ordre de rester désormais le plus incognito possible. Objectif : éviter des poursuites judiciaires, voire des arrestations de militaires en vacances à l’étranger pour crimes de guerre, à la suite de plaintes déposées auprès de tribunaux par des organisations pro-palestiniennes ou de défense des droits de l’homme. Le risque est à ce point pris au sérieux que des directives précises ont été divulguées ce jeudi par le chef d’état-major, le général Herzi Halevi.

L’armée ainsi que le ministère des Affaires étrangères, ont pressé les soldats de ne pas fournir sur un plateau des armes à ceux qui s’en prennent à Israël. Ils faisaient ainsi allusion aux photos et vidéos que des soldats diffusent sur les réseaux sociaux en se montrant fièrement, par exemple, de face, devant des maisons qu’ils viennent de détruire.

Les signaux d’alarme, en effet, se multiplient. La semaine dernière, la Fondation belge Hind Rajab, du nom d’une petite fille palestinienne de six ans tuée en janvier dernier à Gaza par des soldats israéliens, selon sa famille, ce que Tsahal dément, a obtenu d’un juge brésilien l’ouverture d’une enquête à l’encontre d’un soldat. Ce militaire a toutefois réussi à fuir à temps le Brésil. Une dizaine d’autres militaires ont également quitté précipitamment des pays en Europe pour les mêmes raisons ces dernières semaines.

Ce genre de procédures, qui s’inscrivent dans le cadre d’une campagne internationale haineuse contre Israël, a toute chance de se multiplier dans les prochains mois. C’est pourquoi il est essentiel de prendre des précautions pour ne pas faciliter la tâche de leurs instigateurs, souligne un diplomate israélien. Selon lui, le péril ne cesse de s’aggraver depuis que la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye a émis à la fin octobre des mandats d’arrêt contre Benyamin Netanyahou, le chef du gouvernement, et de Yoav Gallant, l’ex-ministre de la Défense, pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

Selon les nouvelles instructions, tous les militaires en dessous du grade de général ne doivent plus apparaître à visage découvert lors d’interviews, ou d’opérations dans des zones de guerre. Ils doivent être soit filmés de dos, soit avec leur visage flouté, et éviter de donner leur identité. Toute intervention dans des médias doit, de plus, obtenir au préalable le feu vert de la censure militaire.

La division juridique de Tsahal va également procéder à une évaluation des risques pour les militaires ayant un profil susceptible d’être poursuivi à l’étranger, afin de les conseiller ou les persuader de ne pas se rendre dans tel ou tel pays. Le péril est variable selon les destinations, ajoute le diplomate en soulignant que les militaires ayant une double nationalité sont particulièrement vulnérables lorsqu’ils se trouvent dans leur pays d’origine.

Le soldat qui a été inquiété au Brésil était ainsi soupçonné d’avoir rasé avec son unité tout un quartier de la ville de Gaza. Les militaires sont également appelés à se montrer le plus discret possible en ne fournissant aucun détail sur les réseaux sociaux sur leur destination et leurs projets d’itinéraire.

La Fondation Hind Rajab prétend, pour sa part, avoir dressé une liste de 1.000 militaires qui auraient participé à des crimes de guerre dans la bande de Gaza. Le ministère de la Santé du Hamas affirme que près de 47.000 Palestiniens ont été tués dans cette enclave depuis le début de la guerre le 7 octobre 2023. Ces chiffres sont contestés par l’armée israélienne, qui a fait état de 17.000 terroristes tués, sans préciser le nombre de victimes civiles.

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