Liban: Accusations échangées entre Aoun et Hariri
Au moment où le Liban connaît de violents heurts qui ont fait un mort et plus de 300 blessés suite à des manifestations violentes à Tripoli sur fond de crise socio-économique, les relations entre les deux responsables, Aoun et Hariri sont déjà au plus bas, du fait d’un bras-de-fer politique autour de la formation du prochain gouvernement, une tâche assignée à M. Hariri le 22 octobre, suite à la démission du cabinet de Hassane Diab le 10 août dernier, dans la foulée de l’explosion meurtrière au port de Beyrouth six jours plus tôt.
Selon des propos rapportés attribués au chef de l’Etat, le président Aoun accuse M. Hariri de « ne pas vouloir coopérer » avec lui au sujet de la formation du gouvernement qui se fait attendre depuis bientôt six mois.
« Mon attachement à la Constitution et à mes prérogatives empêchent qu’on tente d’imposer un gouvernement déséquilibré ou encore de porter atteinte aux prérogatives de la présidence de la République, alors que certains n’ont pas pris l’habitude de respecter ces prérogatives », aurait affirmé Aoun, selon al-Akhbar, dans une critique à peine voilée à M. Hariri.
Dans un communiqué publié par son bureau de presse, Saad Hariri a réagi aux propos du président Aoun, les qualifiant de « regrettables et douloureux ». Le Premier ministre désigné a estimé que « le mandat fort est dans le déni et l’insouciance, tout en s’en prenant aux autres ».
Transposer le conflit politique sur le terrain confessionnel est une tentative vaine et condamnable. Elle ne passera pas, alors que certains pensent que cela pourrait renflouer certains et paver la voie de Baabda à l’héritage politique, prévient M. Hariri.
Le Premier ministre désigné a également démenti avoir affirmé au chef de l’Etat qu’il voulait former seul le gouvernement. Il a rappelé qu’il savait que « les décrets de formation du gouvernement sont conjointement signés par le Premier ministre et le président de la République. « La Constitution est claire, et il ne sert à rien de l’exploiter dans des calculs et le partage de parts politiques », estime M. Hariri. « Nous voulons un gouvernement d’experts, alors que le palais (de Baabda) veut un gouvernement de ministres affiliés aux partis politiques », affirme encore le chef du Courant du Futur.
Ces tensions politiques s’inscrivent dans un contexte de violence dans la ville de Tripoli, dans le nord du Liban, pour protester contre les mesures d’isolement générales pour lutter contre le coronavirus.
par: Arab Observer