Dans l’ouest du Soudan, 500 hommes armés ont mené un raid meurtrier dans la localité de Masteri, au Darfour où habitent des agriculteurs issus de tribus. Selon l’ONU, plus de 60 personnes ont été tuées, en majorité de la communauté Masalit, et 60 autres ont été blessées.Plusieurs maisons dans le nord, le sud et l’est du village ont été pillées et brûlées ainsi que la moitié du marché local, a indiqué dimanche le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) de l’Onu à Khartoum. Au Darfour-Sud, au moins vingt paysans avaient déjà été tués vendredi par des hommes armés alors qu’ils revenaient sur leurs champs après plus de 15 ans d’absence, selon un chef de tribu locale. Ces paysans avaient été autorisés à revenir sur leurs terres au terme d’un accord conclu il y a deux mois sous l’égide du gouvernement avec ceux qui s’y étaient installés durant le conflit.Selon l’organisation internationale, « cette escalade de la violence dans différentes parties du Darfour provoque des déplacements de population et met en danger la saison agricole », qui coïncide avec la saison des pluies.Face à cette situation, le Conseil de défense et de sécurité, la plus haute instance de sécuritaire du pays, s’est réuni. « Nous devons utiliser la force pour protéger les citoyens et leurs propriétés. Les forces de sécurité vont être envoyées de Khartoum dans les régions où se produisent des troubles pour assurer la sécurité des habitants », a déclaré dans un communiqué le ministre soudanais de l’Intérieur Eltrafi Elsdik. Le nouveau gouvernement, issu d’un accord entre militaires et meneurs de la contestation, a entamé en octobre 2019 des pourparlers pour un accord de paix avec des groupes rebelles et ainsi mettre un terme aux conflits dans les régions du Darfour, du Kordofan-Sud et du Nil Bleu.
Mais une violence endémique demeure en raison des conflits relatifs à la terre, selon Adam Mohammad, expert de la région. « La question de la terre est l’une des causes du conflit et elle demeure car durant la guerre, les paysans ont fui leurs terres et leurs villages pour aller dans des camps et des nomades les ont remplacés et s’y sont installés », affirme-t-il.
Ce conflit, qui a éclaté en 2003 entre le régime à majorité arabe d’Omar el-Béchir et des insurgés issus de minorités ethniques s’estimant marginalisées, a fait des centaines de milliers de morts et des millions de déplacés selon l’ONU. Ces dernières années, il a baissé en intensité et, en 2019, l’autocrate Omar al-Béchir a été renversé par l’armée sous la pression de la rue.
par: Arab Observer