Avertissement d’épuisement des stocks de gaz en Europe d’ici janvier prochain
Au milieu des avertissements selon lesquels les réserves (stocks) de gaz européennes seront complètement épuisées d’ici janvier prochain, les prix du gaz en Europe ont augmenté à un moment où Moscou resserre les freins sur d’importants flux de gaz vers le continent, forçant les pays consommateurs à faire face à la possibilité que leurs économies continuent sans gaz russe.
Les coupures de la Russie dans l’approvisionnement en gaz naturel obligent les services publics européens à utiliser leurs réserves, qui sont normalement destinées à la consommation pendant la haute saison hivernale.
Au quatrième mois de la guerre en Ukraine, Moscou appuie là où cela fait mal et joue de la vulnérabilité énergétique des Européens, dont 40 % du gaz qu’ils brûlent vient habituellement de Russie. Ces proportions étaient encore plus fortes dans l’Est : 55 % pour l’Allemagne, ou 85 % en Bulgarie.
Le gaz ne manque pas pour l’instant pour la plupart des Européens, en période estivale, car il n’y a pas besoin de chauffer les bâtiments. Mais les réductions interviennent alors que les pays doivent profiter de l’été pour remplir leurs réserves, avec un objectif d’au moins 80 % d’ici novembre dans l’Union européenne.
Mais la baisse des livraisons fait monter les prix, ce qui coûtera cher aux industriels, notamment en Allemagne, dont les usines sont souvent reliées directement aux gazoducs. Le cours de référence du gaz naturel en Europe, le TTF néerlandais, a bondi aux alentours de 130 euros le mégawattheure (MWh) vendredi, contre environ 100 euros mercredi, alors qu’il se vendait autour de 30 euros il y a un an.
Robinet coupé en Pologne, Bulgarie et Finlande, débit fortement réduit vers l’Allemagne, l’Autriche et l’Italie, et plus aucun mètre cube vers la France : les Européens dénoncent le chantage au gaz de Vladimir Poutine, alors que le continent veut profiter de l’été pour remplir ses stocks.
La France et l’Allemagne veulent éviter la panique et rassurent leurs citoyens : les stocks des deux pays augmentent constamment, et en sont déjà à 56 %.
Vendredi, le gestionnaire du réseau français de transport, GRTgaz, a annoncé avoir constaté ne plus recevoir aucun gaz russe par gazoduc depuis le 15 juin. Ce gaz transitait par un unique point d’interconnexion avec l’Allemagne.
La France comptait sur la Russie pour environ 17 % de son gaz, qui peut arriver par gazoduc (la grande majorité) ou sous forme liquide par navires méthaniers.
Les flux par ce gazoduc avaient déjà été considérablement réduits mais ils sont désormais tombés à zéro.
Le ministère français de la Transition énergétique a précisé à l’AFP que l’approvisionnement se faisait désormais « par des quantités très importantes de gaz de Norvège, d’Espagne et à travers ses terminaux méthaniers ».
Il explique la réduction à zéro des flux physiques par l’équilibrage des contrats de distribution de gaz entre la France et l’Allemagne, dans les deux sens : l’opérateur n’a donc « plus besoin de faire circuler du gaz physique dans l’infrastructure ».
Mais l’interruption intervient alors que Gazprom, le géant gazier russe, a réduit cette semaine de 60 % les livraisons de gaz vers l’Allemagne, via le gazoduc Nord Stream 1.
« Il ne faut pas se faire d’illusions, nous sommes dans une épreuve de force avec Poutine », a dit Robert Habeck, le ministre allemand de l’Économie et du Climat, jeudi. « C’est comme ça que les dictateurs et les despotes agissent. »
Les conséquences sont plus graves pour les voisins de la France, et pas seulement l’Allemagne : l’Italie dépend à 40 % de la Russie et elle ne recevra vendredi que 50 % du gaz russe demandé par sa compagnie nationale Eni.
Le chef du gouvernement italien, qui était jeudi à Kiev, a dénoncé une « utilisation politique du gaz ».
Officiellement, Gazprom a prétexté des raisons techniques sur un équipement de Nord Stream 1 mais les dirigeants européens n’y croient pas. L’Europe cherche donc tous azimuts des sources de gaz non russes, par gazoduc mais surtout sous forme liquide, avec le gaz naturel liquéfié (GNL).
par: Arab Observer