Al-Sarraj renvoie Bashagha à son poste sous la pression des milices
Le ministre de l’Intérieur du Gouvernement libyen d’union nationale (GNA), Fathi Bachagha a retrouvé jeudi ses fonctions après avoir été suspendu provisoirement par le Premier ministre pour une enquête sur ses déclarations à la suite d’incidents survenus lors de manifestations à Tripoli.
Un décret signé par Fayez al-Sarraj, chef du GNA, lève la mesure de suspension provisoire de M. Fathi Bachagha, ministre de l’Intérieur, et le rétablit dans ses fonctions à compter de cette date , sous la pression des milices armées et du régime turc, suite à ses récentes menaces de dénoncer la corruption.”
Selon des vidéos et photos qui ont circulé sur les réseaux sociaux, M. Bachagha est arrivé à la mi-journée au siège du gouvernement à Tripoli, accompagné d’une forte présence policière, pour son audition qui s’est déroulée à huis clos contrairement à ce qu’il avait exigé.
Les observateurs estiment que l’annonce par le gouvernement d’Al-Sarraj du retour de Bashagha à ses fonctions à la tête du ministère de l’Intérieur était sous la menace des armes exercées par des milices affiliées à Bashagha, et des pressions exercées par Ankara, d’autant plus que les résultats de l’enquête avec lui n’ont pas été annoncés.
La Turquie considérée comme un acteur majeur et un moteur des personnalités gérant le processus politique à Tripoli, que ce soit au sein du gouvernement ou au sein du soi-disant «Conseil présidentiel».
Le 23 août, M. Bachagha avait été “suspendu provisoirement” par M. Sarraj en attendant une “enquête administrative” sur “ses déclarations concernant les manifestations et les incidents survenus à Tripoli et dans d’autres villes”.
Le ministre avait “pris acte” de sa suspension mais avait demandé à ce que son audition soit “publique et retransmise en directe” par les médias pour qu’il puisse “exposer les faits” aux Libyens, par souci de “transparence et des principes démocratiques”.
Il y a près de deux semaines, des centaines de Libyens ont manifesté pendant plusieurs jours à Tripoli, siège du GNA, ils protestaient contre la corruption et la détérioration de leurs conditions de vie, privés des services les plus basiques et épuisés par des années de conflits depuis 2011.
A plusieurs reprises, des hommes armés ont tiré à balles réelles pour disperser les manifestants, blessant plusieurs d’entre eux tandis que d’autres ont été arrêtés.
Le ministre avait accusé des groupes armés d’avoir “enlevé et séquestré” des manifestants pacifiques, les menaçant de “recourir à la force pour protéger les civils”.
par: Arab Observer