Maroc: De nouvelles divisions après le retour de Benkirane à la direction du PJD

Le retour d’Abdelilah Benkirane, secrétaire général du secrétariat général du Parti « Justice et Développement (PJD) des Frères musulmans au Maroc, a suscité une grande division au sein du parti, compte tenu de sa personnalité conflictuelle, en contrepartie de l’urgente nécessité de s’appuyer sur une personnalité organisée et équilibrée au cours de cette étape délicate.

Évincé du pouvoir par les urnes, le principal parti islamiste marocain s’est choisi un nouveau chef, Abdelilah Benkirane, un de ses anciens leaders et figure populaire auprès des militants.

M. Benkirane, 67 ans, a été élu secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD), avec plus de 80% des voix, à l’issue d’un congrès extraordinaire réuni à Rabat, selon le site du PJD.

Son élection triomphale, attendue, marque le grand retour sur la scène politique de l’ex-chef du gouvernement islamiste cinq ans après avoir été limogé par le roi Mohammed VI.

De nombreux observateurs des affaires politiques au Maroc estiment que parier sur Abdelilah Benkirane pour gérer la prochaine étape est une aventure aux conséquences incalculables, compte tenu du rôle qu’il a joué ces dernières années dans l’alimentation des crises internes du parti, qui s’est largement répercutée sur ses image extérieure.

Le PJD a subi une débâcle historique lors des élections législatives et locales du 8 septembre, qui a conduit à la démission collective de la direction du parti.

Au pouvoir pendant une décennie, sans jamais véritablement gouverner, ce parti islamiste conservateur s’est effondré, passant de 125 sièges dans la Chambre des représentants sortante à 13 seulement (sur un total de 395).

En conséquence, le PJD a décidé de retourner dans l’opposition après avoir dénoncé des « violations et irrégularités » qui ont selon lui entaché les élections.

M. Benkirane est vu comme un homme politique charismatique, à la forte présence médiatique, apprécié des militants islamistes mais accusé de « populisme » par ses détracteurs.

Proche du mouvement des Frères musulmans, il a co-fondé le PJD dans les années 1990.

Elu secrétaire général du parti en 2008, il devient chef du gouvernement marocain en 2011, dans le sillage des protestations du Mouvement du 20 février, qui réclamait la fin de la corruption et du despotisme.

Reconduit à la tête du gouvernement, une première au Maroc, à la suite de sa victoire aux législatives de 2016, il est alors incapable de former une coalition majoritaire en raison d’un bras-de-fer avec son rival Aziz Akhannouch.

Il est démis de ses fonctions par le monarque après plusieurs mois de blocage et remplacé en mars 2017 par le numéro deux du PJD, le consensuel Saâd Eddine Othmani. Un épisode qui a fortement fragilisé les islamistes.

M. Benkirane aura comme tâche de remobiliser un parti islamiste sonné par sa défaite et en plein doute.

Des sources bien informées ont révélé qu’il existe un fort rejet de la tentative de Benkirane de contrôler à nouveau le parti en excluant les jeunes et les talents des membres du Secrétariat général.

La fille d’Abdelilah Benkirane a été la première à être menacée de démission après que son père a été élu secrétaire général du parti, après avoir exprimé son rejet de la liste du secrétariat général.

Soumaya Benkirane a écrit sur sa page Facebook : « Avec mon amour et mon appréciation pour mon père, je pense que bon nombre des choix du Secrétariat général sont incorrects. Je pense que j’accélérerai la décision de démissionner, que j’ai toujours retardée. »

Et l’analyste politique Abbas Al-Wardi souligne que la mission de Benkirane de combler le fossé entre les membres du parti d’orientations différentes ne sera pas une tâche facile.

Le porte-parole considère que Benkirane fait face à un défi difficile afin de rétablir la confiance au sein du parti, afin de passer cette étape exceptionnelle.

par: Arab Observer

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