Boris Johnson en soins intensifs, et inquiet au Royaume-Uni
Le Premier ministre britannique Boris Johnson, contaminé par le nouveau coronavirus, a passé la nuit en soins intensifs, suscitant une vive inquiétude au Royaume-Uni où le gouvernement s’est engagé à poursuivre la lutte contre la pandémie qui empire de jour en jour.
L’état de santé du charismatique dirigeant conservateur de 55 ans, diagnostiqué positif au Covid-19 le 27 mars, provoque un choc mardi dans le pays, l’un des plus durement touchés en Europe par le virus qui y a tué près de 5.400 personnes et contaminé officiellement plus de 50.000.
« Le Premier ministre a reçu un soutien en oxygène et il reste sous étroite surveillance », mais il n’a « pas été placé sous respirateur », même s’il y en a un à portée de main si nécessaire, a indiqué Michael Gove, un ministre de premier plan, sur la radio BBC.
Seul chef d’Etat ou de gouvernement d’une grande puissance à avoir été contaminé, Boris Johnson s’était efforcé de continuer à diriger le gouvernement durant sa quarantaine dans son appartement de Downing Street. Même s’il apparaissait marqué dans des messages vidéos postés sur les réseaux sociaux, jusqu’à son hospitalisation dimanche pour passer des « examens ».
Mais son état s’est détérioré et il a été transféré lundi soir au service de soins intensifs de l’hôpital St Thomas, juste en face du Parlement de Westminster, dans le centre de Londres.
Jusqu’à son rétablissement, il est remplacé par son chef de la diplomatie, Dominic Raab, un eurosceptique libéral de 46 ans qui s’est engagé à poursuivre la lutte contre le coronavirus, provisoirement à la tête d’un gouvernement qui fait front commun.
La première tâche pour M. Raab est de présider mardi la réunion quotidienne d’urgence regroupant des ministres, le chef des services sanitaires et le principal conseiller scientifique.
« Le travail du gouvernement se poursuit », a assuré Michael Gove sur la BBC. « Nous travaillons tous ensemble pour mettre en oeuvre le plan établi par le Premier ministre pour assurer que nous puissions mobiliser (…) toutes les ressources du pays dans la lutte contre cet ennemi invisible ».
Alors que de nombreux commentateurs estiment que Boris Johnson aurait dû se ménager, M. Gove a précisé que l’agenda du dirigeant avait été allégé la semaine dernière même s’il continuait à présider les réunions de l’exécutif.
L’admission en soins intensifs du Premier ministre Boris Johnson, qui ne souffre a priori pas d’autre pathologie si ce n’est des problèmes de poids, suscite une forte inquiétude au Royaume-Uni. Et montre à quel point le coronavirus peut durement atteindre des sujets en bonne santé, qu’ils soient anonymes ou puissants, comme l’ont souligné de nombreux commentateurs.
Les unes des journaux britanniques mardi étaient presque toutes barrées des mêmes mots: « soins intensifs ». Le Daily Mirror et le Daily Star allaient plus loin, parlant de « combat pour sauver sa vie ».
« Cela ne fait aucun doute que la tournure prise par les événements signifie que Boris Johnson est gravement malade », estimait lundi soir Derek Hill, professeur d’imagerie médicale à l’University College de Londres.
La reine Elizabeth II est tenue informée de l’état de santé de son Premier ministre, selon le Palais de Buckingham.
M. Johnson a vu affluer les témoignages de soutien des dirigeants du monde entier.
« Tous les Américains prient pour son rétablissement », a déclaré le président américain Donald Trump. « Je lui souhaite de surmonter cette épreuve rapidement », a écrit le président français Emmanuel Macron. « Mes pensées vont à Boris Johnson et à tout le peuple britannique », a confié le Premier ministre italien Giuseppe Conte.
Triomphant aux législatives de décembre avec la promesse de mettre en oeuvre le Brexit, l’ancien maire de Londres a été critiqué dans cette crise sans précédent pour avoir tardé à prendre sa mesure, rechignant longtemps à adopter des mesures de confinement. Le dirigeant lui-même avait nargué le virus début mars en se vantant d’avoir « serré la main à tout le monde », y compris de malades du Covid-19 lors d’une visite dans un hôpital.
par: Arab Observer