Boris Johnson tente d’imposer sa vision du Brexit à Berlin puis Paris

Berlin, avant Paris et le G7 à Biarritz en France: le nouveau Premier ministre britannique Boris Johnson entame mercredi un marathon diplomatique qui s’annonce compliqué pour tenter d’imposer sa vision du Brexit.

Pour son premier déplacement à l’étranger en tant que Premier ministre, le successeur de Theresa May est attendu vers 16H00 GMT à Berlin, où il recevra les honneurs militaires avant de s’entretenir avec Angela Merkel.

Les deux dirigeants « se sont déjà parlé une fois au téléphone. Mais s’asseoir ensemble à une table pour discuter du Brexit et d’autres sujets européens (…) est bien sûr utile », a sobrement commenté un porte-parole de Mme Merkel. Signe toutefois du peu d’avancées attendues: aucune conférence de presse n’est prévue à l’issue de la rencontre, seulement des déclarations avant qu’elle ne commence.

Le lendemain, « BoJo » sera reçu à l’Elysée par Emmanuel Macron, tenant d’une ligne plus dure que la chancelière dans ce dossier empoisonné.

Cette séquence diplomatique sera conclue à Biarritz par la première participation du dirigeant conservateur à un sommet du G7, marquée en particulier par un entretien avec Donald Trump, fervent partisan d’un Brexit sans concession.

– « Trump britannique » –

Le président américain s’est dit « impatient » de rencontrer celui que certains surnomment le « Trump britannique », avec qui il s’est déjà entretenu plusieurs fois au téléphone. Il devrait lui accorder sa première entrevue bilatérale, avant même l’hôte du sommet, le président français, et lui faire miroiter une fois de plus un alléchant accord commercial bilatéral un fois sorti de l’UE.

Les entretiens avec Mme Merkel et M. Macron s’annoncent plus crispés, tant est large le fossé sur le Brexit entre les deux dirigeants européens et celui qui veut à tout prix faire sortir son pays de l’Union européenne, y compris sans accord.

Au coeur des discussions, les nouvelles propositions de M. Johnson pour aboutir coûte que coûte à un Brexit au 31 octobre.

Dans une lettre adressée lundi à Donald Tusk, président du Conseil européen, M. Johnson a réaffirmé son opposition à la disposition controversée sur l’Irlande, dite « backstop », ou filet de sécurité. Elle est contenue dans l’accord de retrait de l’UE conclu par le précédent gouvernement de Mme May.

Ce dispositif prévoit que, faute de meilleure solution à l’issue d’une période transitoire, et pour éviter le retour d’une frontière entre la province britannique d’Irlande du Nord et la République d’Irlande, le Royaume-Uni tout entier reste dans un « territoire douanier unique » avec l’UE. Ce que les Brexiters excluent.

Le « backstop » a été imaginé à la fois pour préserver les accords de paix de 1998, qui ont mis fin à trois décennies de violence, et l’intégrité du marché unique européen.

Dans sa lettre, M. Johnson qualifie le « backstop » d' »antidémocratique » et l’accuse d’empêcher son pays de mener une politique commerciale indépendante des règles de l’UE.

L’UE a répété à maintes reprises qu’elle n’était pas prête à renégocier l’accord de Brexit.

Mme Merkel a elle aussi expliqué, lors d’un déplacement en Islande mardi, attendre des « solutions pratiques » pour se passer éventuellement du « backstop ». Solutions que la Grande-Bretagne jusqu’ici n’a pas esquissé.

– Pénuries –

Une sortie sans accord serait lourde de conséquences pour l’économie du Royaume-Uni, avec notamment de probables pénuries de denrées alimentaires, d’essence et de médicaments. Mais aussi pour l’Allemagne, dont l’économie, qui traverse déjà un trou d’air, repose sur les exportations.Ces premières visites à l’étranger du nouveau Premier ministre doivent aussi lui permettre, relève la presse allemande, de s’adresser aux électeurs britanniques. La majorité du dirigeant conservateur ne tient qu’à une voix et le Labour de Jeremy Corbyn se tient en embuscade pour faire tomber le gouvernement.

M. Johnson va « essayer de se présenter comme celui qui veut mettre en œuvre la volonté du peuple de toutes ses forces, mais en est empêché par des dirigeants européens inflexibles », décrypte Die Welt.

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