Chef d’état-major de l’armée algérienne: il est interdit de déplacer des bus et des véhicules transportant des manifestants de l’extérieur de la capitale
Trois jours après l’annonce par le président intérimaire Abdelkader Bensalah d’une nouvelle date pour la tenue d’une élection présidentielle le 12 décembre, le général Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major de l’armée et homme fort de l’Algérie, a haussé le ton. Il a déclaré, mercredi 17 septembre, avoir ordonné à la gendarmerie d’empêcher l’accès de la capitale Alger aux manifestants d’autres régions du pays. A cette fin, il a appelé à « l’application rigoureuse des réglementations en vigueur, y compris l’interpellation » et la saisie « des véhicules et des autocars utilisés », ainsi que la délivrance d’« amendes à leurs propriétaires ».
Depuis bientôt sept mois, l’Algérie – en particulier Alger – est le théâtre chaque vendredi de manifestations contre le pouvoir. Celles-ci ont abouti à la démission du président Abdelaziz Bouteflika début avril et se poursuivent avec comme mots d’ordre le départ de l’ensemble du « système » au pouvoir. Une tentative d’organiser un scrutin présidentiel, le 4 juillet, avait échoué, faute de candidat et face au refus obstiné de la rue dont la mobilisation ne trahit pas le moindre signe d’essoufflement.
Dans un discours général prononcé à Tamanrasset, dans l’extrême Sud, le général Gaïd Salah a motivé sa démarche par l’existence de « certaines parties (…) aux intentions malveillantes, [qui] font de la liberté de déplacement un prétexte pour justifier leur dangereux comportement », lequel « consiste à créer tous les facteurs qui perturbent la quiétude des citoyens ».
Ces « parties », non identifiées, drainent « chaque semaine des citoyens issus de différentes “wilayas” [préfectures] du pays vers la capitale afin d’amplifier les flux humains dans les places publiques, avec des slogans tendancieux qui n’ont rien d’innocent », a argué Ahmed Gaïd Salah. « Leur véritable objectif est d’induire l’opinion publique nationale en erreur avec ces moyens trompeurs pour s’autoproclamer fallacieusement comme les porte-voix du peuple algérien », a-t-il ajouté.
Le mouvement (« hirak ») rejette la tenue d’une élection avec le gouvernement actuel. Il réclame le démantèlement de l’appareil hérité des vingt ans de présidence Bouteflika ainsi que la mise en place d’institutions de transition, ce que refuse le pouvoir. Mardi, comme chaque semaine, les étudiants ont manifesté pour la trentième semaine consécutive, en exprimant leur opposition persistante à la tenue d’une élection présidentielle. Les manifestations étaient officiellement interdites à Alger depuis 2001 lorsque la contestation a subitement éclaté, le 22 février, face à la perspective d’un cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika.