Chili: la crise sociale continue, et les policiers déployés dans le pays

Près d’une semaine après le début de la fronde sociale en Chili , quelque 20.000 militaires et policiers restaient déployés dans le pays. Mercredi, le gouvernement avait annoncé le rappel de réservistes de l’armée pour des tâches administratives.

« Les parlementaires et le gouvernement de Chili  ont tous exprimé le désir d’une mission des droits de l’Homme de l’ONU », a-t-elle ajouté dans un tweet.

Pour tenter d’apaiser la situation, le président conservateur Sebastian Pinera a entrouvert jeudi la porte à une levée prochaine des mesures d’exception. « Nous travaillons à un plan de normalisation de la vie de notre pays (…) pour pouvoir cesser le recours au couvre-feu et, nous l’espérons, lever l’état d’urgence », a-t-il déclaré.

Le couvre-feu, reconduit jeudi pour la sixième nuit consécutive, avait d’ores et déjà été réduit la veille à six heures, de 22H00 à 04H00 (01H00-07H00 GMT), contre dix heures les nuits précédentes.
Le gouvernement a également annoncé une diminution des incidents violents au cours des dernières 24 heures pendant lesquelles aucun décès n’a été rapporté. Le nombre d’arrestations, 735, était aussi en baisse
Mais des affrontements avec les forces de l’ordre et des pillages avaient toujours lieu dans plusieurs villes du pays et en divers endroits de la capitale, en particulier dans la périphérie.

Déterminés à maintenir la pression sur le gouvernement, des dizaines de milliers de personnes ont répondu pour la deuxième journée consécutive à l’appel à la grève générale lancé par des organisations syndicales et une vingtaine d’autres mouvements.

« Les problèmes n’ont jamais été résolus au fil du temps, avec tous les partis politiques c’est la même chose (…) Je suis ici depuis trois jours et je vais continuer à manifester », a déclaré à l’AFP Pamela Rosas, 26 ans, dans le centre de la capitale.
Mercredi, les Chiliens avaient été plus de 400.000 à manifester, selon les autorités.
Les protestataires réclament le retrait des rues des militaires déployés pour la première fois depuis la fin de la dictature du général Augusto Pinochet (1973-1990), ainsi que des réponses à la pire crise sociale traversée par le Chili en trente ans.
Depuis le début des troubles, le 18 octobre, dix-huit personnes sont mortes, dont cinq tuées par des tirs des forces de l’ordre, selon des chiffres officiels. L’Institut national des droits humains (INDH) a recensé 584 personnes blessées, dont 245 par armes à feu.
Devant la presse, le ministre de la Défense, Alberto Espina, a déclaré jeudi que l’armée agissait pour protéger les droits humains des Chiliens, non pour les violer.
Outre la mission onusienne annoncée par Mme Bachelet, le président Pinera a invité sa prédecesseure et José Miguel Vivanco, le directeur de la division Amériques de l’ONG Human Rights Watch, à se rendre au Chili.
Le père de Mme Bachelet, arrêté et torturé après s’être opposé au coup d’Etat de Pinochet, est mort en prison en 1974. Elle-même a également été torturée avant de partir en exil.

Parallèlement aux mobilisations, de nombreux habitants de Santiago ont tenté de reprendre leurs activités.

Environ 6.000 autobus ont été déployés pour faire face à la paralysie du métro, où seules trois lignes fonctionnaient jeudi.
Certains supermarchés ont rouvert quelques heures et la plupart des écoles publiques ont acceuilli leurs élèves.
La crise sociale a été déclenchée par l’annonce d’une hausse du prix du ticket de métro dans la capitale, mais n’est pas retombée après l’annonce de la suspension de cette mesure.
Le mouvement, hétérogène et sans dirigeants identifiables, s’est amplifié, nourri par le ressentiment face à la situation socio-économique et aux inégalités dans ce pays de 18 millions d’habitants.
L’annonce d’une série de mesures sociales mardi par M. Pinera ne semble pas avoir eu l’effet désiré.
Malgré l’intensité de la crise, le gouvernement a confirmé la tenue du 13 au 17 novembre à Santiago du sommet du forum de Coopération économique Asie-Pacifique (Apec), où sont notamment attendus les présidents américain Donald Trump, russe Vladimir Poutine et le Chinois Xi Jinping.

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