Combien de temps Liz Truss peut encore rester Première ministre ?
« Une chute rapide et soudaine »(de Liz Truss), titre la BBC pour qualifier l’une des dégringolades des plus rapides de l’histoire politique britannique. Trente-huit jours qui se terminent en chaos, c’est le temps que Kwasi Kwarteng est resté en poste avant d’être remplacé.
Ce samedi 15 octobre, le nouveau ministre des Finances britannique Jeremy Hunt a annoncé, au lendemain de sa nomination par Liz Truss, que des « décisions difficiles » allaient devoir être prises pour rectifier le projet économique de la Première ministre. Dans la presse anglaise ce matin, une seule question : combien de temps Liz Truss peut encore rester Première ministre ?
C’est un « anéantissement », et pour le Times, une « Trusstopia » et un « Kwasi Kwarteng crash », un « suicide politique » autant qu’un « crash économique ». Pour preuve après l’annonce, la livre sterling dégringolait elle aussi au plus bas de son histoire. Et concernant Liz Truss, une chronique du Guardian ironise en titrant, « Adieu, Kwasi. Ta carrière est morte pour que celle de Liz Truss puisse vivre au moins quinze minutes de plus ».
Pour Liz Truss maintenant, il s’agit de sauver son poste de Première ministre, mais surtout la stabilité économique du pays puisque même le FMI lui demande de faire machine arrière sur ses projets. Ce qu’elle se refuse à faire, ce qui donne à Sky News l’occasion d’une nouvelle comparaison entre elle et Margaret Thatcher.
La conférence de presse durant laquelle Liz Truss a nommé Jeremy Hunt comme chancelier de l’Échiquier, un pro-européen Brexiter, a duré huit minutes, pour quatre questions et aucune excuse.
Mais cette conférence de presse éclair, le nouveau revirement et ce mini-remaniement, suffiront-ils à ramener la « stabilité » économique voulue par Mme Truss et à ressouder les rangs conservateurs ?
Après sa prise de parole, la livre accentuait encore son recul et le coût de la dette britannique, en repli depuis plusieurs jours, remontait légèrement, au moment aussi où la Banque d’Angleterre cessait son action d’urgence pour apaiser les marchés.
« Changer de chancelier ne défait pas les dégâts causés par Downing Street », a déclaré le chef de l’opposition travailliste Keir Starmer, accusant Liz Truss d’avoir « ravagé l’économie ».
« Je doute que le renvoi de Kwarteng suffise à régler les problèmes qu’elle a », a dit à l’AFP Tony Travers, professeur à la London School of Economics, doutant aussi que sa conférence de presse ait « beaucoup rassuré ses collègues ».
Selon la presse britannique, certains députés de son camp sont déjà à la manœuvre pour l’évincer, face à des sondages désastreux prédisant une défaite cuisante de la majorité conservatrice aux prochaines élections générales de 2024.
Si certains, comme le député Bernard Jenkin, président du Comité de liaison de la Chambre des communes, ont appelé « au calme » dans les rangs conservateurs, d’autres ont remis en cause sa décision d’évincer Kwarteng.
« Dur de comprendre pourquoi la Première ministre a limogé un chancelier (…) qui a défendu les mesures sur lesquelles elle a été élue », notait sur Twitter le député conservateur Roger Gale.
La presse n’était pas beaucoup plus tendre avec Liz Truss. Selon le Financial Times, elle est désormais une Première ministre « zombie », tandis que le Guardian s’interroge: « combien de temps peut-elle rester ? »
Les Britanniques confrontés ces dernières semaines à des taux d’emprunt immobilier qui montent en flèche et à une inflation à 10%, perdent aussi patience.
Avant le limogeage de M. Kwarteng, 59% des Britanniques pensaient que Liz Truss devrait démissionner, selon YouGov, et 43% des électeurs conservateurs.
par: Arab Observer