Condamnation internationale du comportement de la police israélienne face au cortège funèbre de Shireen Abu Akleh
Les funérailles de la journaliste palestino-américaine Shireen Abu Akleh ont été marquées, vendredi, par une violente charge de la police israélienne au départ du cortège funèbre. Un incident largement critiqué par l’Union européenne et la Maison Blanche. De son côté, le Conseil de sécurité de l’ONU a « fermement condamné » le meurtre Shireen Abu Akleh et réclamé « une enquête immédiate, approfondie, transparente et impartiale » sur cette affaire.
L’Union européenne a condamné « l’usage disproportionné de la force et le comportement irrespectueux de la police israélienne à l’encontre des participants au cortège funèbre », selon son chef de la diplomatie Josep Borrell.
« Atterré par les scènes observées aujourd’hui en marge des funérailles et l’usage disproportionné et irrespectueux durant le cortège funèbre », a également commenté sur Twitter Dimiter Tzantchev, ambassadeur de l’UE auprès d’Israël.
Du côté de Washington, la Maison Blanche s’est dite « profondément troublée » par les images des obsèques de la journaliste.
« Nous avons tous vu ces images, elles sont profondément troublantes », a déclaré la porte-parole Jen Psaki. « Nous déplorons l’intrusion dans ce qui aurait dû être une procession dans le calme », a-t-elle ajouté.
« Nous avons demandé du respect pour la procession funèbre, les proches de la défunte et la famille dans ce contexte sensible », a-t-elle poursuivi, en rendant hommage à la « journaliste remarquable » tuée mercredi lors d’un raid israélien en Cisjordanie occupée.
« Nous avons été profondément troublés de voir les images de l’intrusion de la police israélienne au sein du cortège funéraire » de la journaliste, a dit de son côté le secrétaire d’État américain Antony Blinken dans un communiqué.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’est dit lui aussi « profondément troublé » par le comportement « de certains policiers » israéliens, et son « trouble » concerne également les « affrontements entre les forces de sécurité israéliennes et les Palestiniens rassemblés à l’hôpital Saint-Joseph », a indiqué un porte-parole, Farhan Haq.
À la sortie du cercueil de cet hôpital à Jérusalem-Est, secteur palestinien de la ville occupé et annexé par l’Etat hébreu, la police israélienne a fait irruption dans l’enceinte de l’établissement et tenté de disperser une foule brandissant des drapeaux palestiniens.
Le cercueil a failli tomber des mains des porteurs bousculés par des policiers mais a été rattrapé in extremis, selon des images retransmises par des télévisions locales qui montrent également les policiers faisant usage de matraques.
« Si vous n’arrêtez pas ces chants nationalistes, nous devrons vous disperser en utilisant la force et nous empêcherons les funérailles d’avoir lieu », a déclaré dans une mégaphone un policier israélien en direction de la foule, selon une vidéo diffusée par la police.
D’après le Croissant-Rouge palestinien, 33 personnes ont été blessées lors des funérailles. La police israélienne a fait état de six arrestations.
Mercredi, la journaliste américano-palestinienne d’Al Jazeera, la TV du Qatar, a été tuée d’une balle dans la tête alors qu’elle couvrait un raid militaire israélien dans le camp de réfugiés de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967. Elle portait un gilet pare-balles siglé « presse » et un casque de reportage.
Ce meurtre a suscité dans la nuit de vendredi à samedi une déclaration unanime du Conseil de sécurité de l’ONU, qui l’a « fermement condamné ».
Initiée par les États-Unis, cette très rare position unanime du Conseil de sécurité sur un sujet concernant Israël réclame aussi « une enquête immédiate, approfondie, transparente et impartiale » sur ce meurtre. Elle souligne « la nécessité de garantir une mise en responsabilité » de son ou ses auteurs.
La représentation française à Jérusalem a qualifié de profondément choquantes les violences policières à l’hôpital Saint-Joseph.
Les forces d’occupation ne se sont pas contentées de tuer Shireen (…) mais elles ont terrorisé ceux qui l’ont accompagnée vers sa dernière demeure, ont affirmé les Affaires étrangères du Qatar.
Le décès de Shireen Abu Akleh a suscité une vague d’émotion dans les Territoires palestiniens, dans le monde arabe où ses reportages ont été suivis pendant plus de deux décennies, en Europe et aux États-Unis. Plusieurs appels à une enquête « transparente » ont été lancés.
par: Arab Observer