Conditions désastreuses pour les détenus des prisons turques
Depuis des années, en Turquie, le pouvoir politique soumet le pouvoir judiciaire à son diktat. Cette dérive s’est aggravée depuis la tentative de coup d’État de juillet 2016 et l’instauration d’un état d’urgence qui dure toujours. La Justice n’existe plus.
Girgirlioglu, parlementaire turc du HDP et personnalité influente de la défense des droits de l’homme en Turquie, voit que l’état de toutes les prisons de son pays était médiocre, en particulier celles ouvertes.
Girglerioglu, bien connu dans le domaine des droits de l’homme, pour les médias, a critiqué l’amnistie publiée le mois dernier qui a profité à des dizaines de milliers de prisonniers apolitiques en Turquie après que le parlement a approuvé une amnistie proposée par le parti au pouvoir Erdogan avec son allié dans le parti d’extrême droite « Mouvement national ».
Il a déclaré: «Erdogan n’a pas cherché à obtenir justice pour les détenus grâce à cette amnistie, mais son objectif était de vider les prisons qu’il a remplies illégalement.
Plus de 100.000 opposants à Erdogan croupissent dans les geôles turques: députés, maires, cadres politiques du HDP, journalistes, avocats, enseignants, syndicalistes, étudiants. Nous sommes inquiets pour eux. La pandémie du coronavirus continue sa propagation dans les prisons de la Turquie et du Kurdistan du Nord, comme le signale TOHAV (centre de recherches sociales et juridiques).
Cette Fondation, souvent sollicitée pour la défense juridique des journalistes détenus en Turquie, est membre de L’OMCT (Organisation Mondiale Contre la Torture ) qui constitue aujourd’hui la principale coalition internationale d’organisations non gouvernementales luttant contre la torture, les exécutions sommaires, les disparitions forcées et tout autre traitement cruel, inhumain ou dégradant. Comme toutes les ONG de cet important réseau, TOHAV répond aux critères exigés d’indépendance, de professionnalisme et de crédibilité. Son rapport (dont nous publions quelques extraits) sur la propagation du Covid19 dans les milieux carcéraux contient des informations qu’on peut donc considérer comme fiables et vérifiées.
“Il ne faut pas oublier que les droits comme droit à la vie des individus désavantagés, qui se trouvent dans les milieux carcéraux et qui n’ont pas l’accès aux soins, sont piétinés et continueront à être piétinés durant cette pandémie qui se présente comme un malheur mondial. Nous sommes très inquiets de la possibilité que ces milieux carcéraux où les individus sont entassés les uns sur les autres se transforment en des lieux de tragédie en raison de cette pandémie car l’isolement social est impossible en prison.
En Turquie, il y a 263 centres de détention, 76 centres de semi-liberté, 4 centres pour les enfants, 9 prisons pour femmes, 7 centres de semi-liberté pour les femmes et 7 prisons pour peine dédiées aux mineurs. Nous avons appris lors des débats parlementaires de budget du 01.09.2019 que ces milieux carcéraux abritent 282.730 prisonniers alors qu’ils ont la capacité de n’abriter que 233.194 individus. Nous constatons donc une surcharge des prisons en Turquie. De ces chiffres relatifs au taux d’occupation, nous pouvons déduire qu’il est impossible physiquement de mettre en place des conditions d’isolement social et de propreté pour empêcher la propagation du coronavirus entre individus privés de liberté“.
par: Arab Observer