Un regard sur les causes du conflit éthiopien

Un magazine américain a publié une analyse du conflit éthiopien, dans laquelle il considère que la base de ce conflit tourne d’abord autour des ressources économiques, puis de l’influence politique dans le pays dans son ensemble.

Le 4 novembre, le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a annoncé une campagne militaire dans la région du nord du Tigré, dans le but de renverser le parti au pouvoir et de viser le Front de libération du peuple du Tigré, qu’il accuse de défier son gouvernement et de chercher à le déstabiliser.

Une escalade militaire qui inquiète. Dans la région du Tigré, dans le nord de l’Éthiopie, le gouvernement a lancé des frappes contre les autorités régionales accusées d’avoir mené des attaques visant deux bases militaires fédérales. Des accusations démenties par les intéressés, qui s’estiment injustement visés par le pouvoir.

Si le déclenchement de cette mission militaire d’envergure, début novembre, a surpris de nombreux observateurs, les tensions entre le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, et le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), qui dirige cette région septentrionale, ne datent pas d’hier.

« Les Tigréens ont dirigé le pays de 1991 à 2018 et ils étaient en première ligne dans la guerre contre l’Érythrée, avec qui ils ont des rivalités territoriales historiques », explique Gérard Prunier, ancien chercheur au CNRS, spécialiste de la Corne de l’Afrique et des Grands Lacs, contacté par France 24. « Aujourd’hui, ils se sont repliés dans leur région mais voient le gouvernement central comme un ennemi. »

Le TPLF accuse Abiy Ahmed, élu Premier ministre en avril 2018, d’avoir, depuis sa prise de pouvoir, cherché par tous les moyens à réduire l’influence des dirigeants tigréens en les écartant du gouvernement et en multipliant les procès en corruption. Ils voient également d’un mauvais œil l’accord de paix signé avec l’Érythrée voisine par le nouveau Premier ministre, trois mois après son arrivée au pouvoir et qui lui a valu le prix Nobel de la paix en 2019.

Face à l’escalade militaire, des observateurs s’inquiètent des potentielles répercussions régionales du conflit éthiopien, notamment vis-à-vis de l’ancien ennemi érythréen. « L’accord de paix avec l’Érythrée est un accord de façade conclu sous la pression américaine », estime Gérard Prunier. « La rivalité avec le Tigré est intacte et l’Érythrée pourrait profiter de l’occasion pour attaquer elle aussi la province. »

Pour William Davison, s’il est difficile d’affirmer à ce stade que le conflit peut s’étendre au-delà des frontières, le risque pour la région est bien réel : « Le rapport de force nous laisse croire que la victoire militaire rapide espérée par le Premier ministre n’arrivera pas. Outre la potentielle implication de l’Érythrée, le conflit pourrait avoir un fort impact sur le Soudan, qui constitue une route d’approvisionnement vitale pour le Tigré.

Un enlisement peut faire craindre une crise migratoire déstabilisatrice pour la région ». Un exode qui aurait déjà débuté, selon les autorités soudanaises qui ont indiqué, mardi 10 novembre, que des milliers de réfugiés éthiopiens avaient déjà traversé la frontière avec le Soudan.

par: Arab Observer

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