Corruption, fraude, trahison de la confiance, questions qui hantent Netanyahu
Echanges de bons procédés, tentatives de collusion avec la presse, dons présumés de cigares et de champagne… Le procureur général d’Israël commence mercredi à auditionner les avocats de Benjamin Netanyahu dans trois affaires qui pourraient mettre en péril son avenir politique.
Au terme de cette audition, le procureur Avichaï Mandelblit pourra décider de la mise en examen ou non du Premier ministre pour corruption, fraude et abus de confiance dans l’un ou plusieurs des dossiers qui, tous, portent des noms de code à quatre chiffres.
Au coeur du « dossier 1000 », des cigares de luxe, bouteilles de champagne et bijoux. Les enquêteurs cherchent à savoir si le Premier ministre et des membres de sa famille ont reçu pour plus de 700.000 shekels (environ 185.000 euros) de cadeaux de la part de richissimes personnalités, notamment du producteur Arnon Milchan et du milliardaire australien James Packer, en échange de faveurs financières ou personnelles.
Soupçonné dans ce dossier de fraude et d’abus de confiance, M. Netanyahu affirme n’avoir fait qu’accepter des présents de la part d’amis, sans les avoir sollicités.
Dans le « dossier 2000 », le Premier ministre aurait, selon les enquêteurs, tenté de s’assurer une couverture favorable dans le plus grand quotidien payant d’Israël, le Yediot Aharonot.
Il aurait essayé de mettre en place un accord avec le patron du journal, Arnon Moses. En retour, M. Netanyahu aurait évoqué la possibilité de faire voter une loi qui aurait limité la diffusion d’Israel Hayom, quotidien gratuit et principal concurrent du Yediot.
L’accord n’a finalement jamais été conclu mais M. Netanyahu pourrait être inquiété pour corruption, fraude et abus de confiance.
Ari Harow, un ancien chef de cabinet de M. Netanyahu, a accepté de témoigner pour bénéficier d’un régime de clémence.
M. Netanyahu assure qu’il était le principal adversaire de la loi en question et dit avoir même provoqué les élections anticipées de 2015 pour la bloquer.
Le « dossier 4000 » est décrit comme le plus dangereux pour Benjamin Netanyahu.
Les enquêteurs le soupçonnent d’avoir tenté de s’assurer une couverture favorable sur le site d’informations Walla. En contrepartie, il aurait octroyé des faveurs gouvernementales qui pourraient avoir rapporté des millions de dollars à Shaul Elovitch, alors patron du principal groupe de télécommunications israélien Bezeq et du site Walla.
Au coeur de l’enquête: la fusion en 2015 de Bezeq avec le fournisseur de télévision par satellite Yes. Une telle décision nécessitait l’aval des autorités de contrôle. Or, à l’époque, M. Netanyahu détenait aussi le portefeuille des Communications.
Selon M. Netanyahu, la fusion Bezeq-Yes a été validée par les services du ministère et les autorités de contrôle comme étant pertinente. Il conteste une couverture privilégiée de la part de Walla.
Le 2 décembre 2018, la police a recommandé la mise en examen de M. Netanyahu dans cette affaire pour corruption, fraude et abus de confiance. L’enquête vise également Shaul Elovitch, toujours le principal actionnaire de Bezeq et sa femme, ainsi que Stella Handler, PDG à l’époque de ce groupe de télécommunications.
Le procureur général a mis hors de cause Sara et Yaïr Netanyahu, l’épouse et le fils du Premier ministre.
Le Premier ministre a indiqué le 1er janvier qu’il ne démissionnerait pas s’il était mis en examen. Il n’est pas tenu de le faire selon la loi, mais s’il est inculpé et toujours en poste, il deviendra le premier chef de gouvernement de l’histoire d’Israël à connaître pareille avanie.
Il sera contraint de démissionner s’il est finalement condamné et que toutes les voies de recours ont été épuisées, ce qui pourrait prendre des années.